Voyage à vélo en Irlande : chevauchée entre Cork et le Kerry via Killarney


Voyage à vélo en Irlande
J’ai beaucoup apprécié mon passage dans le parc national de Killarney
(@courir-lemonde)

En mai 2014, j’ai arpenté l’Irlande à vélo sur un parcours d’un peu plus de 1 000 kilomètres. Entre le 9 mai et le 1 er juin, j’ai ainsi sillonné et découvert à vélo ce beau pays. Dans cet article, je vous propose de découvrir mes premiers tours de roues dans le Sud du pays entre Cork et le compté du Kerry en passant par le verdoyant et montagneux parc national de Killarney.

Terrible vent de face entre Cork et Killarney sur 87 kilomètres

Ce dimanche 11 mai lance véritablement le départ de mon voyage à vélo en Irlande. En effet pour rallier Cork, je n’avais eu qu’une petite vingtaine de kilomètres à effectuer. Rien à voir avec la difficile étape de 87 kilomètres qui m’attend ce dimanche. Levé vers 7h40 après une nuit moyenne (bruit et lumière dans le dortoir), je prends un petit déjeuner assez léger à base de gâteaux bjorg et de barres de céréales. Quelques minutes avant de quitter l’auberge, j’ai le plaisir de discuter avec le sympathique gars qui m’avait déjà accueilli la veille. Celui-ci ne manque pas de questionner sur mon périple et de me prodiguer quelques conseils pour mon étape du jour. Vraiment cool !

Voyage à vélo IrlandePaysage verdoyant près de Cork (@courir-lemonde)

Vers 9h00, je quitte le Sheilas hostel sous un ciel bleu, toutefois parsemé de nuages plus ou moins gris signifiant le caractère instable de la météo pour cette journée. De plus, comme je le craignais le vent souffle fort et de l’Ouest vers l’Est : autrement dit de face ! La sortie de Cork se fait sans difficulté grâce aux conseils du mec de l’auberge dont j’ai perdu le nom. Néanmoins, une abrupte côte me fait bien suer d’entrée de jeu.
Sur les premiers kilomètres de l’étape, les sensations sont excellentes, je me sens frais et le poids du chargement ne se fait pas tellement sentir même dans les portions un peu vallonnées. Le parcours est agréable : un cadre très rustique qui me fait un peu penser aux bords de Loire vers la localité de Champtoceaux pour ceux qui connaissent. De plus, les voitures sont peu nombreuses contrairement aux cyclistes qui roulent en nombre ce matin. Je suis satisfait de mon allure de croisière qui oscille entre 15 et 20 km/h.

Une dizaine de kilomètres avant la ville de Macroom où j’avais prévu de me ravitailler, je fais la rencontre d’un très sympathique cycliste irlandais qui m’accompagne jusqu’à ma pause déjeuner. Une nouvelle opportunité de discuter en anglais.
A Macroom, je fais quelques courses pour le déjeuner car je n’avais pas prévu de sandwich pour ce midi. Je prends mon repas non loin d’une église où bon nombre d’irlandais se rendent à la messe en ce dimanche midi.

Pause déjeuner à Macroom (@courir-lemonde)

Depuis Macroom, j’ai encore 46 kilomètres à parcourir pour rallier Killarney. Je sens que je vais souffrir un peu car j’ai quand même bien tapé dedans sur la première partie du parcours. De plus, le vent ne faiblit guère et semble se renforcer au fil des heures. Enfin, je sais que j’ai un col à escalader avant d’entrée dans le compté du Kerry !
Jusqu’au pied du fameux col, le parcours est relativement roulant mais peu agréable car le long d’une route assez fréquentée. De plus, comme je le craignais, le vent souffle fort ce qui m’oblige à redoubler d’effort pour maintenir une allure convenable.

L’ascension du col entre Macroom et Killarney (@courir-lemonde)

Le passage de ce col était synonyme de changement de région.
Bienvenue dans le Kerry (@courir-lemonde)

Mis à mal par le terrible vent de face, l’ascension sur environ 6 kilomètres est un calvaire. Je suis à l’agonie, je peine vraiment à atteindre une vitesse de 5 km/h par moment tant le vent est violent. Je suis scotché !! Aux trois-quart de l’ascension, je suis même contraint de descendre un peu du vélo.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que je suis soulagé d’avoir escaladé ce col. Néanmoins, je ne suis pas au bout de mes peines. Il me reste encore 25 kilomètres à parcourir.

Physiquement, je commence à être au bout du rouleau. La rude ascension précédente m’a littéralement coupé les jambes. Et mentalement je ne suis pas eu mieux non plus à cause de ce terrible vent de face qui limite le plaisir.
Pourtant, les paysages assez montagneux qui me font penser un peu aux décors lunaires de l’Islande se révèlent plutôt charmants. Mais il est vraiment temps que je rallie Killarney !
Tant bien que mal, j’atteins la festive et animée ville de Killarney vers 16h00 et je trouve mon pied-à-terre du soir, l’auberge de jeunesse Paddy’s Palace (très bon marché). L’accueil dans cette auberge est une nouvelle fois très convivial ce qui est agréable après une longue et âpre journée de vélo.

Killarney en IrlandeMaisons colorées dans le centre-ville de Killarney (@courir-lemonde)

Après m’être douché, j’ai le bonheur de discuter avec Elisa qui me remonte le moral car il faut le dire, après cette première étape de 87 kilomètres, je suis inquiet pour l’étape du lendemain dans les montagnes du Kerry. En début de soirée, j’ai l’occasion de repenser à tout ça en me baladant dans les rues colorées de Killarney. A 21h45 il est grand temps d’aller se coucher pour récupérer au mieux car le programme du lendemain avait de quoi faire peur …

Etape marathon de 97 kilomètres dans le Kerry entre Killarney et Caherciveen

Réveillé à 7h45, c’est en hâte que je prend la direction de la salle à manger afin de profiter du petit-déjeuner de l’auberge de jeunesse. Après avoir discuté avec le responsable du Paddy’s palace, je file préparer mes affaires car en ce lundi 12 mai j’ai du pain sur la planche : 97 kilomètres sur un parcours escarpé entre Killarney et Caherciveen en passant par les bourgades de Sneem, Caherdaniel et Waterville notamment.
Je quitte l’auberge sous un ciel grisâtre et menaçant. Environ 15 minutes plus tard, je pénètre dans le parc national de Killarney pour y découvrir ses lacs enchantés, ses forêts hantées et ses montagnes rocailleuses et verdoyantes. Le cadre est vraiment somptueux et je savoure pleinement en roulant à une allure modérée et en n’hésitant pas à m’arrêter pour capturer de beaux clichés !

Le parc national de Killarney en IrlandePaysage très sauvage dans le parc national de Killarney en Irlande.
Un paradis pour la randonnée (@courir-lemonde)

Voyage à vélo en Irlande Magnifique panorama depuis le point de vue Ladies View (@courir-lemonde)

Si sur les cinq premiers kilomètres de l’étape, le parcours est relativement plat, les 15 kilomètres suivant sont davantage corsés avec bon nombre de grimpettes et d’ascensions. Même si l’altitude n’est pas exceptionnelle, le décor s’apparente à de la moyenne montagne avec des petits cols en lacets.
Touristes et locaux ne manquent pas de m’encourager par un signe de la main ou un sourire lorsqu’ils me voient peiner sur ma bicyclette : c’était très motivant ! Les paysages du parc national de Killarney sont somptueux : des lacs de taille et de forme variable disséminés un peu partout, des montagnes dévêtues et une végétation irrégulière faite à la fois de conifères et d’arbustes à feuilles caduques, de buissons et de touffes d’herbes folles.
J’atteins le point haut de l’étape au col du Moll’s gap (500/600 mètres d’altitude je crois) vers 11h30. Le paysage est presque lunaire et extrêmement sauvage !

Montagnes du Kerry en IrlandePaysage de moyenne montagne dans le Kerry (@courir-lemonde)

Par la suite, une très violente averse me trempe comme je l’ai rarement été. Heureusement à ce moment là, je suis sur une longue descente ce qui atténue le caractère « périlisant » de la situation.
Après ça, j’ai un grand rush d’adrénaline et sur une petite dizaine de kilomètres je déroule à vive allure car j’ai besoin de me réchauffer.
Suite à une nouvelle ascension de 3 ou 4 kilomètres et une petite descente, j’atteins le village de Sneem où j’ai prévu de faire escale pour me ravitailler. Cependant, je ne compte pas m’arrêter trop longtemps car je suis frigorifié et il me reste encore 50 kilomètres à parcourir.

Côte Ouest en Irlande Le littoral du Kerry entre Sneem et Caherdaniel (@courir-lemonde)

Si la première partie de l’étape a été montagneuse et dans les terres, la seconde s’annonce beaucoup plus côtière.
Heureusement pour moi, durant l’après-midi, le temps est plus clément ce qui égaie considérablement mon étape à vélo dans le Kerry. Comme en début d’étape, je prends le temps de faire de multiples pauses pour profiter des beaux paysages côtiers qui se présentent à moi. Un littoral très découpé, rocheux par endroit mais aussi habillé de larges pâturages à flanc de montagnes où les moutons paissent toute la journée.

Une vingtaine de kilomètres après Sneem, j’atteins la petite ville de Caherdaniel. J’ai parcouru 67 kilomètres. Il me reste 30 kilomètres pour rallier Caherciveen. Juste après Caherdaniel, le Coomakesta Pass se profile devant moi. D’une longueur de 5 kilomètres, celui-ci présente un pourcentage moyen d’environ 3 à 4 %. Son ascension est complexe à cause du très virulent vent défavorable ou de côté en provenance de l’Atlantique. Ce redoutable défi me transcende et je donne tout ce que j’ai car je sais que c’est la dernière grande difficulté de la journée. Et puis les paysages sont magnifiques, bonifiés par la météo qui est satisfaisante.

Voyage à vélo littoral du KerryPetit break lors de l’ascension du Coomakesta Pass qui offre des paysages fabuleux (@courir-lemonde)

Une fois au sommet de ce col, je suis heureux. Heureux car je n’ai rien lâché dans cette ascension, heureux car je vis pleinement mon périple irlandais entre aventure à vélo, découverte de nouveaux paysages et rencontres de locaux.
Néanmoins, au sommet, il me reste encore une vingtaine de kilomètres à déguster. Si la descente jusqu’à Waterville est particulièrement jouissive, les 16 derniers kilomètres ressemblent un peu à la délicate fin d’étape de la veille car je suis cuit.

Kerry Irlande Paysage typique du Kerry non loin de Waterville (@courir-lemonde)


Moutons en Irlande
Ce n’est pas une légende : les moutons sont omniprésents en Irlande
(@courir-lemonde)

Les 16 derniers kilomètres effectués, j‘atteins enfin la ville de Caherciveen sur les coups de 17h30 soit plus de 8h00 après mon départ de Killarney. Physiquement, je ne suis pas si mal malgré l’étape marathon que je viens de parcourir dans les montagnes du Kerry. En revanche psychologiquement, je suis un peu usé et je n’ai qu’une hâte : laisser le vélo et me poser un peu.
Après quelques courses au supermarché du coin, je me rends à l’auberge que j’ai réservée. Celle-ci est tenue par la très rigoureuse mais sympathique Mary.
Pour mon plus grand bonheur, cette auberge est calme et peu fréquentée ce soir là. J’ai même le privilège de dormir seul dans le dortoir où je suis installé. Au fond de moi, je suis content et je me dis :  » Ouf !! Enfin la possibilité de faire une nuit à peu près correcte « .

Entre 18h00 et 21h00, je reste tranquillement dans mon lit à me reposer, rédiger quelques notes à propos de mon voyage à vélo en Irlande et écrire à Elisa.
En cours de soirée, je prends la direction de la cuisine pour y préparer mon repas du soir à savoir des pâtes. Je discute un peu avec des Autrichiens qui font de la randonnée à pied dans le Kerry et une Allemande qui visite l’Irlande à vélo mais je ne suis guère bavard car fatigué par mon éreintante étape. Une fois mon dîner engloutit, je n’ai qu’une seule envie, aller me coucher pour récupérer de cette journée marathon.

Pour retrouver les autres articles relatifs à mon voyage à vélo en Irlande :

1) Départ et premiers tours de roues en Irlande 

3) Du Kerry au compté de Clare 

4) Des Falaises de Moher à Galway en passant par le Burren 

5) Escale sur l’archipel des îles Aran 

6) 4 jours à vélo dans le Connemara

7) 4 jours à Dublin, la festive capitale irlandaise

8) La côte orientale de l’Irlande de Dublin à Cork en passant par les Wicklow Mountains et Waterford

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