Paysage de montagne près du village d’Ulassai dans l’Ogliastria
(photo courir-lemonde.com)
Du 7 au 9 mars, j’ai découvert le centre de la Sardaigne et les montagnes situées dans la partie Est de l’île. Depuis la maison de Giorgio à Zeppara, j’ai rallié le jardin de Luigi à Girasole via un parcours accidenté. Excepté le 7 mars, le soleil a largement égayé ma conquête des montagnes sardes. Au total, j’ai parcouru 180 kilomètres durant ces trois étapes.
Mes coups de cœur dans le centre de l’île et dans les montagnes sardes 🙂
- la ferveur dans les villages de montagne lors de mon passage
- les villages colorés d’Ulassai, de Jerzu et de Gairo San’Elena
- la région vallonnée et verdoyante de Villanova Tulo avant d’attaquer la montagne
- la gentillesse de Luigi qui m’a prêté le jardin de son entrepôt à Girasole
- l’ascension du col de Valico Arcueri (981 mètres d’altitude)
Mon parcours dans le centre de la Sardaigne
(réalisation courir-lemonde.com sur openrunner)
Etape 7 : Zeppara – Escolca (50 kilomètres)
Ma nuit dans la demeure de Giorgio fut tout à fait correcte. Pendant que mon hôte s’affairait à différentes activités, je déjeunai avant de me doucher puis de plier mes bagages. Je pris aussi le temps d’écrire un mot à Giorgio pour le remercier de son hospitalité et de sa gentillesse. Grazie mille Giorgio !
C’est sous de violentes bourrasques de vent que je quittai Giorgio et ses chats pour de nouvelles aventures. De l’émotion forcément mais un peu moins que lorsque j’avais laissé Giancarlo et Angelica du côté de Stintino.
En direction de la ville de Laconi, les premiers kilomètres de l’étape étaient légèrement vallonnés. Heureusement, le vent venait de l’Ouest ce qui ne gênait pas ma progression vers l’Est. Les paysages étaient extrêmement sauvages dans cette partie de la Sardaigne. De la campagne à perte de vue ! A une dizaine de kilomètres de Laconi, après avoir consulté ma carte, je bifurquai sur la droite vers le village de Genoni. Une petite route tracée au milieu de vastes étendues désertiques me permit d’atteindre cette bourgade d’à peine 900 âmes.
Paysages typiques du centre de la Sardaigne (photo courir-lemonde.com)
Coquets moutons dans le centre de la Sardaigne (photo courir-lemonde.com)
Après les villages de Nuragus et de Gesturi, j’atteignis Barunimi, célèbre pour son important complexe nuragique. Affamé, je craquai pour un burger avant de reprendre mon chemin.
Moralement, je n’étais pas au mieux. Depuis deux jours, le vent soufflait fort, le ciel était couvert et les températures printanières de la première semaine n’étaient plus d’actualité (à peine 11°C ce jour). De plus, je ne rencontrais pas grand monde dans les villages et les paysages de cette région n’avaient pas de cachet particulier. J’attendais la montagne avec impatience, en espérant le retour du soleil dès demain !
Lors de la traversée d’Escolca, j’aperçus une chambre d’hôte au nom accrocheur « El Giardino di Valentina ». Il était 14h00, la pluie était de plus en plus menaçante et je ressentais vraiment le besoin de faire un break. Sur le bord de la route, je composai le numéro de téléphone indiqué. Quelques instants plus tard, la souriante Ignazia m’accueillait chez elle.
Mon après-midi fut intégralement placé sous le signe de la récupération (internet, CR, lecture, étude des prochaines étapes et petite sieste). Lorsque la pluie commença à tomber, au chaud sous ma couette je ne regrettais pas mon choix en dépit de son coût un peu élevé (50 euros avec le déjeuner et le petit-déjeuner).
D’agréables discussions avec Ignazia et le match de Ligue des Champions Arsenal – Bayern Munich animèrent ma soirée avant de rejoindre Morphée.
Étude du parcours pour les étapes de montagne à venir (photo courir-lemonde.com)
Etape 8 : Escolca – col de Valico Arcueri (55 kilomètres)
Les prévisions météorologiques ne s’étaient pas trompées, le soleil était de retour en ce mercredi 8 mars. Requinqué par une nuit à la hauteur de mes espérances et gonflé à bloc par le retour du soleil, j’engloutis le copieux petit-déjeuner concocté par Ignazia. Ce matin, j’avais intérêt à prendre des forces car le menu du jour s’annonçait … montagneux ! En effet, c’est aujourd’hui que j’attaquais véritablement la montagne avec plusieurs cols au programme.
Vers 10h00, après l’avoir remercié pour sa disponibilité et ses conseils, je quittai Ignazia sous un soleil étincelant. Quel bonheur ! Comme le dit très justement Julien Leblet dans son ouvrage le Tao du Vélo « les mauvaises périodes mettent en en relief les jours meilleurs ».
Dans la longue côte à la sortie d’Escolca, un jeune couple me dépassa en voiture avant de s’arrêter quelques mètres plus loin pour m’applaudir. Avec le sourire, je m’arrêtai discuter avec mes « fervents supporteurs ». Originaires de Cagliari, ils étaient impressionnés et intrigués par mon entreprise cyclonomade. En réponse à leur curiosité, j’eus plaisir à évoquer mon aventure et à discuter avec eux. Le genre de rencontre qui met du baume au cœur !
Quelques minutes plus tard, je repris mon errance très heureux de cet échange qui je le sentais était les prémices d’une chouette journée. Après la grimpette initiale, le parcours était roulant puis descendant jusqu’aux environs de Villanova Tulo. Sur ma bicyclette, je serpentais via une route sinueuse dans des paysages ondulés aux multiples teintes de vert. Somptueux ! Devant moi, les cimes montagneuses se rapprochaient dangereusement. Plus que jamais, la montagne me tendait les bras !
Un berger en compagnie de son troupeau (photo courir-lemonde.com)
Près de Villanova Tulo, la montagne se profile (photo courir-lemonde.com)
Quelques instants avant d’attaquer les premiers lacets (vidéo courir-lemonde.com)
Après plusieurs kilomètres descendants à vive allure, les premiers lacets m’obligèrent à ralentir. Petit plateau de rigueur, j’attaquais la montagne avec entrain. Pour vaincre la pente, adopter une allure régulière est recommandée, ne pas « se mettre dans le rouge » est nécessaire et faire des pauses est primordial. La montée étant raide, j’appliquais à la lettre ces principes connus des cyclorandonneurs expérimentés.
Après trois ou quatre kilomètres d’ascension, je fis une pause près de maisons qui semblaient abandonnées. Le cadre me plaisait bien et je décidai d’y pique-niquer. Content de mon début de journée, j’affichais un large sourire en préparant mes pâtes. Quel contraste avec la journée d’hier !
Environ une heure plus tard, je repris mon escalade. A la suite d’un bel effort, j’atteignis un vaste plateau d’où la vue était magnifique. Quel bonheur de gravir par soit-même un col pour jouir du panorama. La vue n’en est que plus belle. Au loin, j’apercevais Sadali le prochain village placé sur ma route. Un peu plus tard, je fis un stop dans cette localité célèbre pour sa fontaine San Valentino. A la suite d’une rude ascension puis d’une belle descente, je ralliai Seui, la commune la plus élevée du secteur qui culmine à 800 mètres d’altitude.
Déjeuner dans un cadre sauvage (photo courir-lemonde.com)
Paysage de montagne près de Sadali (photo courir-lemonde.com)
Les moutons envahissent la route (vidéo courir-lemonde.com)
Les prochaines bourgades à traverser (photo courir-lemonde.com)
La cascade Saint Valentin à Sadali (photo courir-lemonde.com)
L’emblématique fiat panda, omniprésente en Sardaigne (photo courir-lemonde.com)
Le village de Seuil se trouve à 800 mètres d’altitude (photo courir-lemonde.com)
Arrivé à Seui vers 16h00, je fis une pause pour réfléchir. Stop ou encore ? Depuis Escolca, j’avais déjà enquillé une bonne quarantaine de kilomètres dans les montagnes. Sur ma carte, j’avais repéré un col entre les bourgades de Seui et de Ussassai. Me sentant en forme, je décidai de le rejoindre en vue d’y planter le campement.
L’ascension du col de Valico Arcueri fut géniale. Presque personne sur la route, des paysages magnifiques, quelques animaux (notamment des bouquetins) et une forme resplendissante. En effet malgré les kilomètres accumulés, j’ai maintenu une allure honorable dans cette ultime ascension de la journée.
Les deux derniers kilomètres se firent aux forceps. Néanmoins, l’effort physique décupla mon plaisir au moment de festoyer de deux bananes pour éviter la fringale à quelques hectomètres du col. Quelques instants plus tard, je triomphai du col de Valico Arcueri et de ses 981 mètres d’altitude sous le regard de quelques névés accrochés aux sommets alentours qui résistaient au retour du printemps.
Les lacets pour atteindre le col de Valico Arcueri (photo courir-lemonde.com)
Le bivouac au col de Valico Arcueri à 981 mètres d’altitude (photo courir-lemonde.com)
C’est légèrement en contrebas du col que j’ai déniché le spot idéal pour passer la nuit. En retrait de la route se trouvait une surface plane avec un point d’eau et de l’herbe fraîche où paissait une brebis. Parfait !
Une fois la tente montée et le rangement du matériel effectué, je me glissai au chaud dans mon duvet pour me préparer à la nuit la plus froide du périple car le thermomètre promettait de descendre autour des 0°C …
Etape 9 : col de Valico Arcueri – Girasole ( 75 kilomètres)
Comme prévu, la nuit fut fraîche au col de Valico Arcueri : 2 à 3°C tout au plus. Néanmoins, emmitouflé dans mon duvet conçu pour tenir chaud jusqu’à -5°C, je n’avais pas trop souffert du froid. Vers 6h30, les premières lueurs du soleil et le tintement de cloche de ma voisine brebis m’incitèrent à sortir de la tente. Après le démontage de celle-ci, je pris mon petit-déjeuner calmement et fis cuire des pâtes en prévision du repas du soir.
Motivé pour ma seconde journée montagneuse, j’ai attaqué l’étape du jour par une longue descente jusqu’à Ussassai. Malgré l’heure matinale, le village était déjà animé. Quelques vieillards lisaient le journal au soleil tandis que certains habitants discutaient ou faisaient leurs commissions. Comme dans la plupart des bourgades de montagne, j’eus le droit à des encouragements ou des réactions de la part de locaux marquées par des signes de la main, des sourires, des mimiques ou des « ciao » et « buongiorno ». Plaisant !
Panorama sur les montagnes non loin de Ussassai (photo courir-lemonde.com)
Dans le village d’Ussassai (photo courir-lemonde.com)
Après Ussassai, la remontée fut corsée. Quelques lacets présentaient une pente très abrupte m’obligeant à diminuer fortement mon allure. En récompense, je pus savourer davantage les étendues sauvages qui m’entouraient. Cependant, quelques kilomètres plus tard, je fus pris d’une violente fringale. J’avais beau m’hydrater et prendre des barres de céréales, cela n’y faisait rien. Panne de jambes ! Afin de reprendre des forces, j’engloutis les pâtes que j’avais initialement préparée pour le repas du soir. J’avais eu du flair de les cuire ce matin.
Petite fringale de 10h00 (photo courir-lemonde.com)
Rencontre sur le bord de la route à Taquisara (photo courir-lemonde.com)
Peu après la localité de Taquisara, une sinueuse descente m’échoua au pied d’une superbe vallée. Tandis que sur son versant Nord se trouve le village de Gairo Sant’Elena, le versant Sud est colonisé par les bourgades de Osini Vecchio, Osini, Ulassai et Jerzu. Depuis la route qui serpentait à flanc de montagne, de somptueuses vues s’offraient à moi. De fait, mon ascension vers Ulassai fut jalonnée de nombreuses pauses photos afin de capturer ces jolis paysages. En dépit du relief très exigeant, j’ai vraiment adoré parcourir ce secteur en vélo.
Le village de Gairo Sant’Elena à flanc de montagne (photo courir-lemonde.com)
Gairo Sant’Elena et ses allures de favelas (photo courir-lemonde.com)
J’atteignis le village d’Ulassai vers 11h30. C’est l’un des rares endroits que je souhaitais absolument découvrir en Sardaigne. Mes parents, mon frère et ma sœur y avaient été il y a quelques années et m’avaient vanté le caractère « typique » du village.
Rapidement, je fus conquis par Ulassai. Surplombé par un imposant promontoire rocheux, Ulassai se trouve dans un bel écrin de nature et offre de beaux panoramas sur les alentours. Par ailleurs, dans l’atmosphère du village, j’ai perçu un côté authentique que je n’ai pas retrouvé partout. De la fumée qui sort des cheminées, des vieilles qui vont chercher du bois, des maisons colorées et étagées à flanc de montagne et de tortueuses ruelles pavées.
Après quelques courses dans la supérette du bourg, j’ai déjeuné d’un sandwich sur l’une des placettes du village tout en contemplant la vue grandiose qui se présentait à moi. Pour faire simple, j’ai beaucoup aimé Ulassai !
Dans les rues d’Ulassai (photo courir-lemonde.com)
Le village d’Ulassai est dans mes coups de cœur (photo courir-lemonde.com)
Ulassai et ses maisons étagées et colorées (photo courir-lemonde.com)
Ma fidèle bicyclette s’est gavée de côtes et régalée de descentes pour atteindre Ulassai (photo courir-lemonde.com)
La mer est de nouveau visible après deux jours sans l’apercevoir
(photo courir-lemonde.com)
Désormais pour la fin de journée, mon objectif était de rejoindre la côte Est et plus précisément le secteur de Tortoli. Ulassai étant situé à plus de 700 mètres d’altitude, le profil topographique fut très descendant jusqu’au littoral. Après l’âpreté et la rudesse des ascensions, quel pied de piloter son vélo chargé de lourdes sacoches dans les descentes en lacets.
A Jerzu, des enfants placés à l’arrière d’un car me montrèrent leurs bouilles souriantes et me firent « coucou » avec leurs petites mains. Que du bonheur !
Après une vingtaine de kilomètres principalement en descente, j’ai rallié la ville de Bari Sardo. Ici, la circulation était plus dense et je devais faire preuve de vigilance. Puis, via une route plate, j’atteignis Arbatax, le port de Tortoli. Que d’urbanisation dans ce secteur ! Le contraste avec les bourgs de montagne traversés quelques heures auparavant était saisissant.
Orangers et citronniers sont légions dans cette partie de la Sardaigne
(photo courir-lemonde.com)
La plage Rocce Rosse à Arbatax est notamment constituée de porphyre rouge
(photo courir-lemonde.com)
A la suite d’une petite pause devant la plage Rocce Rosse d’Arbatax, je repris mon chemin en vue de chercher un endroit où planter la tente. Presque par hasard, je me retrouvai dans le centre de la ville de Girasole. Auparavant, j’avais repéré un champ à vendre où je pouvais sans problème planter ma tente. Finalement, mon instinct me guida près de l’étang de Tortoli, à quelques hectomètres de là. Et encore une fois celui-ci eut raison puisque qu’une dizaine de minutes plus tard, je fis la rencontre de Luigi et de son fils Marco. Super sympathiques, ils répondirent « si » à ma traditionnelle demande formulée dans un italien de plus en plus assuré.
« Buenasera, io sono francese.
Io viaggio con la mia bicicletta in Sardegna.
Alla ricerca di un posto dove piantare la tenda.
Sia possibile nel vostre giardino per favore. »
Fresque murale à Girasole qui je présume évoque le mouvement indépendantiste sarde (photo courir-lemonde.com)
Vue sur l’étang de Tortoli depuis la tente (photo courir-lemonde.com)
Encore une fois, l’hospitalité sarde avait parlé. Pendant que Luigi travaillait dans son jardin, son fils Marco m’aida spontanément à monter le bivouac. Malgré mon italien très limité et l’anglais bancal de mon interlocuteur, nous échangeâmes dans la bonne humeur. Vers 19h00, Luigi et son fils rentrèrent chez eux dans la commune voisine de Lotzorai. Je le remerciai longuement pour sa gentillesse et sa confiance.
Installé tout au fond du terrain, près de l’étang de Tortoli, je m’attendais à une calme soirée et à une douce nuit. C’était sans compter sur le chien des voisins qui m’avait repéré …
Affaire à suivre dans le prochain article de Girasole à Cala Gonone, dolce vita dans le Parc National du golfe de Orosei – Gennargentu.
Pour retrouver les articles précédents sur mon voyage à vélo en Sardaigne :
Les adorables agneaux, les paysages sauvages, les vues sur la mer, la gentillesse des gens… tu ne cesses de me donner des raisons d’y aller !
Bonjour,
Magnifique récit et photo ! Merci de nous faire voyager et vivement la suite 🙂 je suis particulièrement presser d’en savoir plus sur la côte Est de l’île !
Ma copine et moi partont dans 15 jours pour 4 mois de cyclo randonnée et notre première étape est la Sardaigne.
Joan
Bonjour Joan,
Merci beaucoup pour ton commentaire très sympa. La suite arrive bientôt.
Excellent votre projet cyclonomade en couple pour très bientôt 🙂 j’adore ! Une idée de votre trajet déjà ?
Vous allez adorer la Sardaigne, surtout hors saison c’est très chouette. Vous savez par où vous allez passer ? N’hésitez pas si vous avez des questions, je serai ravis de vous renseigner 😉
Je ne sais pas si tu as vu/lu mes autres articles sur la Sardaigne à vélo :
courir-lemonde.com/index.php/2017/04/15/la-sardaigne-en-velo-de-alghero-a-zeppara-via-la-magnifique-ville-de-bosa-la-belle-aventure-se-poursuit/
courir-lemonde.com/index.php/2017/04/10/la-sardaigne-en-velo-de-porto-torres-a-alghero-en-passant-par-stintino-un-debut-de-periple-riche-en-experiences-nouvelles/
Bons préparatifs,
Valentin
Ping : La Sardaigne en vélo : l’archipel de La Maddalena et derniers tours de roues entre Palau et Santa Teresa Gallura | Courir Le Monde – Blog Voyage et Sport
Ping : La Corse à vélo : entre mer et montagne de Bonifacio à Ajaccio via le col de Bavella | Courir Le Monde – Blog Voyage et Sport