La Sardaigne à vélo : de Porto Torres à Alghero en passant par Stintino, un début de périple riche en nouvelles expériences

Devant la cala Porticciolo dans le Parc Régional de Porto Conte
(photo courir-lemonde.com)

Du 1 er au 3 mars, j’ai découvert la partie Nord-Ouest de la Sardaigne. Depuis Porto Torres, j’ai rallié Alghero, en passant notamment par Stintino et Capo Caccia. Le soleil m’a accompagné durant les trois étapes. Au total, j’ai parcouru environ 115 kilomètres, un début de périple « piano piano ». 

Mes coups de cœur dans le Nord-Ouest de la Sardaigne 🙂 

  • la superbe rencontre de Giancarlo dès le premier soir
  • les paysages de Capo Caccia et du Parc Régional de Porto Conte
  • le bivouac sur la splendide cala Porticciolo
  • Stintino avec ses maisons colorées, son coquet port et les eaux turquoise de la plage de la Pelosa
  • la gentillesse de Leilei qui m’a prêté sa résidence secondaire près d’Alghero

parcours Sardaigne Stintino Alghero

Mon parcours dans le Nord-Ouest de la Sardaigne
(réalisation courir-lemonde.com sur openrunner) 

Etape 1 : Porto Torres – Stintino (40 kilomètres)

Après une traversée en ferry de 14 heures depuis Toulon, j’atteignis Porto Torres à 11h30 mercredi 1 er mars. A mon arrivée, le soleil brillait et le thermomètre titillait déjà les 15°C. Le contraste avec les conditions météorologiques tempétueuses qui m’avaient accompagnées ces deux derniers jours en France était saisissant.

Porto Torres ne présentant pas un grand intérêt, je quittai la ville portuaire en direction de Stintino. Les premiers kilomètres ne furent pas les plus beaux du voyage. En effet, de vastes zones industrielles accompagnèrent mes premiers coups de pédale.
Si le soleil étincelait, le vent était aussi de la partie et soufflait fort. De face, il ralentissait ma progression. Sans gravité puisque je n’étais pas pressé mais ce n’était pas l’idéal pour se mettre en jambes.

Après un stop dans une supérette où je formulai mes premières demandes en italien, je repris mon chemin pour rallier la localité de Pozzo San Nicola à la suite d’une longue portion avec du vent de face. A partir de là, ma balade devint plus agréable. Le vent venait désormais de côté, les voitures étaient peu nombreuses tandis que les paysages se faisaient plus sauvages.

 Stintino, localité qui se trouve dans le Nord-Ouest de la Sardaigne (photo courir-lemonde.com)

Quelques kilomètres plus tard, j’atteignis Stintino et ses belles bâtisses colorées. En ce milieu d’après-midi, les rues du coquet port de pêche étaient calmes voire presque désertes. Je fis un saut à l’Office de Tourisme pour prendre des renseignements et remplir mes bidons. On m’informa qu’en Sardaigne l’eau du robinet n’est pas bonne à boire. J’allais donc devoir dégainer mes pastilles micropure, achetées chez Decathlon, pour la rendre potable. 

Quatre kilomètres au Nord de Stintino, la majestueuse plage de la Pelosa domine le paysage. Face à l’île de Piana et à l’archipel d’Asinara, son sable blanc et ses eaux turquoises et transparentes invitent à la détente qui plus est lorsqu’elle n’est pas prise d’assaut par des hordes de touristes. Entre contemplation, balade et photos, j’y ai passé une petite heure avant de revenir sur Stintino.

La sublime plage de la Pelosa fait face à l’île de Piana et au parc National d’Asinara (photo courir-lemonde.com)

Belle vue depuis les environs de la plage de la Pelosa (photo courir-lemonde.com)

De belles demeures colorées dominent le port de Stintino (photo courir-lemonde.com)

Vers 16h30, je me mis à la recherche d’un lieu pour planter le bivouac. Je pris la direction de la plage de la Saline, cinq kilomètres au Sud de Stintino, où j’avais précédemment repéré une place idéale pour installer le campement. Cependant, plusieurs personnes erraient autour du spot et le passage d’une voiture de la police rurale refroidit mes velléités de camping sauvage à cet endroit.

Quelques hectomètres plus loin, une petite route de terre bifurquait de la route principale. Instinctivement, je m’y enfonçai et quelques mètres plus tard j’aperçus une maison au bout du chemin. A ce moment là, je me suis dit : « si je tentais de planter la tente dans le jardin de ces habitants ? » 
Peu avant mon départ, j’avais préparé un mot en italien pour me présenter aux locaux et demander si je pouvais installer ma tente sur leur pelouse. L’occasion de mettre en pratique mes très modestes connaissances en italien se présenta donc dès le premier soir :

« Buenasera, io sono francese.
Io viaggio con la mia bicicletta in Sardegna.
Alla ricerca di un posto dove piantare la tenda.
Sia possibile nel vostre giardino per favore. »

C’est d’un « si si » que le génial Giancarlo répondit à ma demande. Heureux, je le remerciai de suite pour sa gentillesse en m’empressant de lui serrer la main en guise de reconnaissance. Puis, tout en discutant, il m’indiqua un endroit où installer ma tente et un abri où mettre mon vélo et mes sacoches. Presque dans la foulée, il me proposa de dîner avec lui et sa maman Angelica. Le voyage commençait admirablement bien et j’étais content d’avoir demandé à Giancarlo de « piantare la tenda » dans son jardin.

La soirée avec mes hôtes fut très cool. Giancarlo prépara de délicieuses spaghettis bolognaises ainsi qu’une omelette et de la salade. Delizioso ! Le repas fut alimenté d’échanges intéressants dans un mélange de français et d’italien. Il me raconta notamment sa passion pour la moto, ses voyages à travers l’Europe, évoqua son fils Luigi et bien sûr son amour de Stintino. En échange, je lui relatai mon périple à vélo et ma vie nantaise. Plus tard dans la soirée, c’est heureux que je pris la direction de ma tente pour ma première nuit sarde.

La maison de Giancarlo et de sa maman Angelica. Grâce à leur extrême gentillesse, j’ai passé ma première nuit sarde dans leur jardin face à la mer (photo courir-lemonde.com)

Etape 2 : Stintino – cala Porticciolo (35 kilomètres) 

Après une nuit convenable, je retrouvai Giancarlo et Angelica pour le petit déjeuner. Ma carte de Sardaigne étendue sur la table, Giancarlo me conseilla des lieux incontournables pour les prochaines étapes. Par la suite, mon hôte me proposa de me doucher avant de reprendre la route. Pendant ce temps là, il fit un très joli dessin de Stintino qu’il m’offra avant mon départ. Giancarlo fut vraiment un hôte d’une grande générosité, d’une profonde gentillesse en plus d’être un excellent dessinateur.

Le dessin que Giancarlo m’a offert (photo courir-lemonde.com)

Giancarlo devant la tente (photo courir-lemonde.com)

Après avoir longuement remercié Giancarlo et Angelica pour leur hospitalité, c’est non sans mal que je les quittai vers 10h30 pour de nouvelles aventures. Pour information, nous avons gardé contact (facebook, adresse postale) et pendant mon voyage, j’ai envoyé une carte postale à mes nouveaux amis sardes.

Sous le soleil et sans le vent, j’effectuai les quelques kilomètres jusqu’à Pozzo San Nicola avec le sourire aux lèvres. Après quelques courses alimentaires très fruitées (provision de kiwis, de bananes et de clémentines), je mis le cap au Sud en direction de Capo Caccia.

Quelques courses alimentaires dans cette supérette de Pozzo San Nicola
(photo courir-lemonde.com)

Via une petite route, je découvrais la campagne sarde et ses paysages vallonnés. Quelques abrupts raidillons furent l’occasion de tester ma forme. La circulation était faible et hormis quelques tracteurs, je ne croisai pas grande monde jusqu’à Palmadula où je fis ma pause déjeuner.

Paysages vallonnés dans la campagne entre Stintino et Alghero (photo courir-lemonde.com)

L’un des classiques de ce début de périple: sandwich jambon de pays et fromage
(photo courir-lemonde.com)

En début d’après-midi, je repris la route en direction de Capo Caccia. Plus roulant, le parcours me permis d’augmenter un peu ma vitesse de croisière. A une dizaine de kilomètres de Capo Caccia, un panneau indiquait un camping sur la droite. Je suivis cette indication pour finalement tomber de manière inattendue sur une magnifique cala : la cala Porticciolo.

Il était seulement 15h30 et j’avais déjà trouvé mon lieu pour bivouaquer. Tant pis pour Capo Caccia, je m’y rendrais demain. C’est ça le voyage à vélo : une grande flexibilité et un maximum de liberté ! Pour atteindre la plage, je dus descendre mon vélo via un chemin extrêmement pentu et casse-gueule. La fin d’après-midi fut très agréable dans ce cadre idyllique entre photos, étude de mon guide de la Sardaigne, balade et réflexion par rapport au campement du soir.   

La magnifique cala Porticciolo (photo courir-lemonde.com) 

Depuis la cala, le coucher de soleil fut somptueux. Après le départ des derniers touristes, je plantai la tente légèrement en retrait de la plage. Cependant une petite appréhension m’animait car c’était mon premier camping sauvage en solitaire. Ce dernier étant interdit (des panneaux sont là pour le rappeler), je craignais d’être dérangé pendant la nuit. La soirée fut calme et à la suite d’un repas à base de maquereaux et de betteraves puis de quelques pages de l’Alchimiste de Paulo Coehlo, je m’endormis.

Somptueux coucher de soleil depuis la cala Porticciolo (photo courir-lemonde.com)

Etape 3 : cala Porticciolo – Alghero (40 kilomètres)

Malgré une nuit mitigée, c’est en forme que je me levai vers 6h30 dans ce cadre majestueux. Le ciel très clair annonçait une nouvelle belle journée. Que demander de plus. Une nouvelle fois, le début de matinée fut tranquille. Après un petit déjeuner copieux, je m’accordai une petite séance de sport sur le sable pour garder la forme. Pompes, burpees et gainage furent au programme.

Le campement légèrement en retrait de la plage (photo courir-lemonde.com)

Début journée tranquille sur la plage (photo courir-lemonde.com)

Avant d’attaquer l’étape du jour, je dus remonter, depuis la cala, l’ensemble de mon paquetage. Pas une mince affaire. En ce vendredi 3 mars, je projetais d’atteindre la ville d’Alghero dans le courant de l’après-midi après une halte du côté de Capo Caccia.

Assez rapidement, j’atteignis les environs de Capo Caccia. A mon rythme, je goûtai avec délectation aux sublimes paysages qui m’entouraient. Un littoral très découpé, des eaux limpides et une végétation fournie très typique des pays méditerranéens. La météo du jour, particulièrement radieuse, magnifiait les vastes étendues sauvages du Parc Régional de Porto Conte.

Capo Caccia dans le Parc Régional de Porto Conte (photo courir-lemonde.com)

Panorama vidéo sur le Parc Régional de Porto Conte depuis Capo Caccia
(vidéo courir-lemonde.com) 

Vue sur la mer depuis les environs de Capo Caccia (photo courir-lemonde.com)

Vers midi, je fis une pause dans un bar-restaurant. Une fraîche Ichnusa, bière sarde la plus répandue, accompagna de bonnes spaghettis aux moules. J’en profitai aussi pour recharger mes appareils électroniques. Requinqué, je repris mon chemin en direction d’Alghero en début d’après-midi.

Vestiges de nuraghes sur la route menant à Alghero.
Un nuraghe est une tour ronde caractéristique de la culture nuragique apparue en Sardaigne entre 1900 et 730 avant J-C (photo courir-lemonde.com) 

J’atteignis Alghero en milieu d’après-midi. Avec 44 000 habitants, il s’agit de la cinquième agglomération de Sardaigne en termes de population. De par son histoire, la ville est intimement liée à la Catalogne ce qui lui vaut le surnom de « petite Barcelone sarde ». En effet au XIV ème siècle, Alghero fut massivement repeuplée par des Catalans. Encore aujourd’hui, une grande part de la population locale parle le catalan, déguisé sous le nom de dialecte algherois.

Sous un soleil étincelant et par une température supérieure à 20°C, j’ai découvert l’élégant centre-ville d’Alghero construit autour de fortifications et agrémenté de belles bâtisses, de places animées et de typiques ruelles.

Joli front de mer à Alghero (photo courir-lemonde.com) 

Agréable vue sur la mer et Capo Caccia depuis les remparts d’Alghero
(photo courir-lemonde.com) 

Belles demeures colorées à Alghero, surnommée la « petite Barcelone sarde » en raison de son histoire liée à la Catalogne (photo courir-lemonde.com) 

A la suite de ma balade dans Alghero, je me mis à la recherche d’un endroit pour passer la nuit. Ce soir, j’avais bien envie de planter la tente chez l’habitant comme chez Giancarlo. Paisiblement, je m’engageai sur la route 105 en direction de Bosa. Quatre kilomètres plus tard, j’arrivai dans une sorte de hameau. C’était le moment de formuler ma requête aux locaux. Après deux échecs, ma troisième tentative fut la bonne grâce à la gentillesse de Leilei qui travaillait dans son champ. Il me proposa de l’attendre devant sa maison située à 300 mètres de là. Son jardin, parsemé d’oliviers, était magnifique et je me languissais d’y planter ma tente. 

Une petite heure plus tard, Leilei me rejoignit devant sa maison. Finalement, ce dernier m’expliqua qu’il s’agissait de sa résidence secondaire et que je pouvais dormir à l’intérieur. Je n’en revenais pas !!! Nous échangeâmes un peu puis il me confia les clefs de sa maison avant de rentrer chez lui à Alghero. Ce soir là, je compris à quel point le vélo était un facilitateur de rencontres et surtout la confiance qu’il inspirait.

Chez Leilei, la chambre où j’ai passé la nuit (photo courir-lemonde.com)

Heureux mais un peu déstabilisé par cette offre généreuse totalement inattendue, je passai une soirée au chaud et à l’abri dans la maison de Leilei avec lequel j’avais à peine discuté vingt minutes. Quelle confiance ! Lorsque l’orage gronda pendant la nuit, je me disais que les choses se goupillaient vraiment bien en ce début d’aventure. Pourvu que ça continue !

Affaire à suivre dans le prochain article « de Alghero à Zeppara via la magnifique ville de Bosa, la belle aventure se poursuit »

8 réflexions sur « La Sardaigne à vélo : de Porto Torres à Alghero en passant par Stintino, un début de périple riche en nouvelles expériences »

  1. Toutes mes félicitations pour ce compte-rendu de grande qualité.
    Le début du voyage donne envie de lire la suite !
    Très mythiques ces pastilles micropure et le « piantare la tenda »

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