Deux lysois sur le semi marathon de Tórshavn aux Iles Féroé
Cela commence à être une habitude, après la Broløbet entre Copenhague et Malmö en 2010 et le marathon d’Amsterdam l’an passé, j’ai de nouveau pris part à une épreuve de course à pied à l’étranger, à savoir au semi-marathon de Tórshavn aux Iles Féroé. Lorsqu’au mois de janvier, j’ai pris avec Tom, la décision de planifier ce séjour aux Iles Féroé, l’objectif premier était de participer à l’épreuve marathon. Mais au fil des semaines, l’objectif du marathon s’est peu à peu dilué d’une part à cause d’un entrainement un peu faible de notre part pour aborder sereinement la distance mythique et d’autre part parce que l’aspect touristique et découverte du voyage avait clairement pris le pas sur le côté purement sportif. Cependant, il n’était pas question de zapper l’épreuve féroienne à laquelle il nous tenait à cœur de participer. De fait, l’alternative du semi-marathon est alors apparu comme une évidence afin de nous permettre de courir sur le sol de notre cher archipel sans pour autant saborder le reste de notre périple insulaire. En dépit d’un entrainement plus que léger, c’est très motivé que nous avons abordé cette course très particulière qui restera gravée dans notre vécu commun.
Tom et moi-même prêts à représenter les couleurs lysoises et françaises sur ce semi marathon féroien (photo perso)
Début de course et avant course
C’est le jeudi 29 août en début de matinée que cette grande aventure nordique commença. Tout d’abord, de Nantes, nous avons rejoint Paris via le TGV pour y prendre un avion en direction de Copenhague. A notre arrivée dans la capitale danoise vers 17h00, nous avons rallié notre pied-à-terre du soir, l’auberge de jeunesse Sleep in Heaven dans le quartier de Nørrebro. En nous y rendant, nous n’avons pas manqué d’apprécier les hordes de Copenhaguois à vélo. Par la suite, en habitué des lieux, j’ai joué les guides touristiques pour Tom. Au menu : Strøget, le château de Christiansborg, Kongens Nytorv, Nyhavn, le palais d’Amalienborg et bien sur la célèbre petite Sirène sur les quais de Langelinie. La suite de la soirée fut plus festive dans une ambiance « bon enfant » au cœur de la capitale danoise à siroter Carlsberg et Tuborg à tour de rôle. Notre seul regret fut de ne pas y rester un ou deux jours de plus.
Belle et festive soirée à Copenhague (photo perso)
Le lendemain midi, nous avons pris la direction des Iles Féroé via la compagnie Atlantic Airways. Si la traversée de l’Atlantique Nord fut relativement tranquille, l’atterrissage, en revanche, fut des plus périlleux et marqua le premier vrai temps fort du voyage. A notre arrivée à l’aéroport de Vagar, les conditions météorologiques étaient très « féroiennes » : épais brouillard, crachin, forte humidité et à peine 6°C en température ressentie. Bref, cela nous mettait d’entrée de jeu dans le vif du sujet : nous avions bien atterri aux Iles Féroé ! Après les premières galères et franches rigolades féroiennes du vendredi, nous avons rejoint Tórshavn samedi dans l’après-midi. Au programme : installation à l’hôtel Hafnia localisé dans le cœur de Tórshavn, premier contact avec la capitale de l’archipel et derby très attendu entre le HB Tórshavn et le B36 Tórshavn au Gundadalur stadion, Quant à la soirée, elle fut relativement tranquille pour recharger les batteries en vue du semi-marathon du lendemain.
En nous levant, le dimanche matin, le temps ne semblait guère plus clément que ces deux derniers jours. Heureusement, le vent avait baissé en intensité mais la bruine et par moment la pluie, tombaient de manière régulière, le tout dans une atmosphère plutôt fraiche (entre 5 et 9°C). Après un bon petit déjeuner prit au sein de l’établissement hôtelier, nous nous sommes rendus sur le lieu du départ (le SMS shopping centre) afin d’y retirer nos dossards respectifs. Puis, revenus à l’hôtel, nous nous sommes préparés tranquillement. Pour ma part, la motivation était vraiment au top et j’abordais la course avec de grandes ambitions puisque je visais au minimum une place dans les 10 premiers et un chrono autour des 1h30. J’avais réellement la sensation d’être transcendé par le frais et vivifiant air des Féroé. Quant à Tom, il était lui aussi très motivé mais plein d’incertitudes à propos de sa forme étant donné qu’il n’avait pas pu accumuler beaucoup de kilomètres à l’entrainement ces derniers mois.
Vers 12h15, il était temps de quitter l’hôtel pour rallier le site de départ. Distant d’à peine un kilomètre, c’est en footing que nous l’avons rejoint en guise d’échauffement. Une mise en route que nous avons continuée une fois sur le site du départ au milieu des coureurs présents. Naturellement, les Féringiens étaient les plus nombreux mais l’on retrouvait aussi quelques Danois, des Allemands, des Britanniques, des Finlandais, des Polonais et donc des Français. L’ambiance était sympathique malgré le climat très frais. Peu avant le départ, alors que nous contemplions le parcours, un sympathique coureur féroien nous détailla les caractéristiques de celui-ci en insistant notamment son le fait que qu’il était très vallonné. Le semi-marathon comprenait une première boucle de 5,5 km dans Tórshavn et une seconde partie davantage en bord de mer sous la forme d’un aller-retour. Quelques minutes avant le départ, un échauffement collectif, orchestré par une femme dynamique et rythmé par une musique tonique, fut proposé aux coureurs des différentes épreuves (marathon, semi-marathon et courses mineures sans classement (5,5 km et 2,2 km)). Quant à moi, j’en profitais pour faire quelques accélérations pour être bien chaud car je souhaitais partir assez vite.
Un départ rapide fruit d’une tactique offensive
Quelques mètres après le départ dans les rues de Tórshavn (photo http://www.torshavnmarathon.com/uk/)
A 13h00, l’ensemble du peloton fut invité à rejoindre la ligne de départ, située en face du SMS shopping centre, le principal centre commercial de Tórshavn. Le départ était alors imminent et j’allai me positionner dans les premières positions. Avant cela, je ne manquai pas de faire part de mes encouragements à Tom qui me souhaita également une très bonne course. A peine en place, le compte à rebours résonnait déjà dans le très grisâtre ciel féroien pour donner le départ de la course. Ma tactique était claire : prendre un départ assez rapide pour m’affirmer d’entrée de jeu en candidat au top 10 voire mieux si possible. Le premier kilomètre, dans les rues de Tórshavn, était assez descendant. Je l’ai effectué à bonne allure aux alentours de la 15 ème position (toutes courses confondues). Celui-ci fut parcouru en 3’45. Les kilomètres suivants furent davantage escarpés avec une alternance de côtes et de petites descentes. Malgré tout, je maintenais une allure plus qu’honorable, atteignant le 3 ème kilomètre après 12’20 d’effort. Les sensations étaient plutôt bonnes et la motivation au rendez-vous. Malgré tout, j’avais un peu l’impression d’être en sur-régime mais il n’était pas question de baisser le pied : j’avais choisi une tactique offensive et je ne n’avais pas l’intention de faire machine arrière.
Tom (à droite) et moi-même (à gauche) au même endroit durant la première partie de course (photo http://www.torshavnmarathon.com/uk/ )
Le top 5 en ligne de mire …
Durant les kilomètres suivants, j’ai continué à une allure plus qu’honorable au vue de la topographie du parcours ce qui me permis de dépasser quelques coureurs notamment dans les côtes. Vers le 5 ème kilomètre, le circuit passait devant le fameux stade du Tórsvøllur que nous avions enfin découvert après des années de fantasme. Je l’atteignis après environ 21′ soit 14,3 km/h de moyenne si mes souvenirs sont exacts. Quelques mètres plus tard, nous repassions à proximité du SMS shopping centre pour attaquer la seconde partie du parcours, à savoir un aller-retour entre Tórshavn et le petit village de Sund en longeant le littoral du fjord Kaldbaksfjørður. J’étais plutôt confiant car les sensations étaient satisfaisantes et le mental solide. Désormais, le peloton était bien étiré et la course prit presque des allures de contre la montre individuel. Pour ma part au premier tiers de l’épreuve, j’avais deux coureurs en point de mire direct et un coureur dans ma foulée; deux concurrents que j’avais bien l’intention de rattraper.
Peu avant le 10 ème kilomètre, une première montée longue d’environ 800 mètres et assez raide se présenta à moi. Dans cette ascension, j’étais plutôt en jambes et celle-ci me permis de faire une partie de mon retard sur les deux lièvres que j’avais dans le viseur. Au passage du 10 ème kilomètre, ma montre indiqua 42’55 soit 14 km/h de moyenne ce qui signifiait que mon allure avait un peu baissée par rapport aux cinq premiers kilomètres. Cependant c’était légitime puisque le parcours était vraiment très vallonné. Au ravitaillement du 10 ème kilomètre, je pris un verre d’eau pour me réhydrater un peu. Juste après, je profitai d’une descente pour déguster mon premier gel énergisant. Jusqu’au village de Sund (kilomètre 14,5), le parcours était une succession de côtes pentues et de descentes abruptes. Le fjord, endormi dans la brume, était calme et très sauvage; les habitations se faisaient rares, les spectateurs étaient aux abonnés absents et seuls les moutons répondaient présents. Sur cette portion, les sensations étaient excellentes et je repris même les deux coureurs qui me précédaient. J’atteignis le kilomètre 14 après 1h00 de course tout pile, avec dans mon champ de vision un nouveau concurrent qui se releva être en 5 ème position. En effet avant de reprendre la direction de Tórshavn, au kilomètre 14,5, je n’avais croisé que cinq coureurs dans le sens inverse. Si les quatre premiers me paraissaient intouchables, le 5 ème était encore à portée de fusil puisque je devais avoir entre 30 et 45 secondes de retard sur lui. Mon ambition pour cette fin d’épreuve coulait comme l’eau de source : revenir sur lui et rentrer dans le top 5.
Après 14,5 kilomètres de course, juste avant de reprendre la direction de la capitale féroienne (photo http://www.torshavnmarathon.com/uk/)
… finalement inaccessible la faute à une défaillance physique dans les trois derniers kilomètres
Si j’étais déterminé à reprendre ce coureur, je me sentais tout de même moins frais que quelques minutes auparavant : l’accumulation des kilomètres couplée à mon trop faible entrainement y étaient surement pour quelque chose. De fait, je craignais un final difficile surtout avec l’enchaînement des côtes mais malgré tout j’y croyais à six kilomètres de l’arrivée. Vers le 16 ème kilomètre, j’aperçu Tom dans l’autre sens. Il semblait en avance sur ces prévisions chronométriques et visiblement pas handicapé par son manque d’entrainement. J’étais content que ce semi-marathon féroien ne soit pas un calvaire pour lui. Quant à moi, je n’oubliais pas de m’alimenter (boisson énergisante et gel) pour affronter les derniers kilomètres dans les meilleures dispositions possibles.
Cela semblait inévitable, j’étais de moins en moins bien et je commençais sérieusement à peiner dans les délicates grimpettes du retour. Malgré tout, au kilomètre 17, que j’atteignis après environ 1h12 d’effort, j’étais encore dans le coup pour le top 5. Dans la terrible côte du 18 ème kilomètre, les jambes étaient très lourdes, j’étais même à la limite des crampes mais je me battais et donnais tout ce que j’avais. Derrière, je sentais que les deux coureurs dépassés tout à l’heure revenaient progressivement et je m’apercevais presque plus la silhouette du 5 ème dans le brouillard. Mes espoirs de top 5 s’envolaient. Le mental avait pris le relais du physique car les jambes ne suivaient plus du tout. Heureusement pour moi, le profil était descendant entre le 19 ème et le 20 ème kilomètre ce qui me permis de limiter la casse. Mais à un peu plus d’un kilomètre de la ligne d’arrivée, un premier coureur me déposa, imité quelques hectomètres plus tard par un second.
Ouf, la ligne d’arrivée n’était plus très loin et j’apercevais de nouveau les projecteurs du Tórsvøllur. Dans la dernière ligne droite je gérais mon effort; un peu trop peut être car un autre coureur revenait à fond derrière moi m’obligeant à un dernier effort pour conserver ma 8 ème place. Au final, je boucle le semi-marathon de Tórshavn en 1h32’29 soit 13,7 km/h de moyenne. L’accueil à l’arrivée fut très sympathique ; avec quelques spectateurs et organisateurs, une photographe et deux jeunes féringiennes qui remettaient les médailles aux finishers. Fatigué mais encore lucide, j’eus le plaisir de rediscuter de la course avec quelques coureurs. Ensuite, je pris le temps de me changer car il faisait vraiment froid, avant de revenir sur la ligne pour assister à la brillante arrivée de Tom en 1h47’44 (31 ème).
Nos arrivées respectives : Tom en 1h47’44 et moi-même après 1h32’29 d’effort (photo http://www.torshavnmarathon.com/uk/)
Classement et analyse
87 arrivants
Le t-shirt de l’épreuve, le dossard et la médaille accompagné de l’écharpe du HB Torshavn (photo perso)
Premièrement, l’aspect performance. En dépit d’un entrainement faible depuis la fin du mois de mai, je pense avoir signé un chrono très intéressant (1h32’29 ») surtout au vue du profil très vallonné du parcours. En plus du chrono, le classement est très satisfaisant et même si le niveau n’était pas très relevé, c’est toujours agréable et flatteur de se retrouver dans un top 10. Ma seule petite déception concerne ce top 5 que j’aurai peut-être atteint avec une meilleure condition physique car malgré ma fin de course délicate, le 5 ème ne me précède que de 1’50 ». Je ne regrette surtout pas ma tactique offensive qui a eu le mérite de bien me faire entrer dans la course.
J’espère que cette épreuve féroienne me servira de tremplin pour repartir de l’avant et retrouver une vraie motivation après une année 2013 pas évidente sportivement parlant (seulement 4 compétitions pour le moment, quelques blessures, le Master 2). Je tiens aussi à souligner la très bonne performance de Tom qui signe à Tórshavn un chrono d’1h47’44 », certes inférieur à celui-ci réalisé en mars 2012 sur le semi-marathon de la Brière (1h38’58) mais bien meilleur que ces premières références sur la distance. Assurément, avec un peu d’entrainement, il serait capable se retrouver la forme de l’année passée.
Deuxièmement, l’expérience féroienne en elle-même. Courir sur l’archipel des Féroé était le prétexte de notre escapade au cœur de l’Atlantique Nord. Et le moins que l’on puisse dire est que ce fut une expérience vraiment particulière de prendre part à cette course sur le sol féroien, dans des conditions météorologiques aussi humides et fraîches, surtout pour un 1er septembre, et de courir devant davantage de moutons que d’humains. Bref, on en rêvait et on l’a fait.