Les grands espaces de l’Estrémadure au Sud de Navalmoral de la Mata
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Après une journée de repos à Madrid puis un tronçon effectué en train, nous reprenons notre voyage à vélo à la découverte de l’Espagne. Ainsi du 18 au 23 novembre, de Navalmoral de la Mata à la frontière portugaise, nous avons voyagé à vélo dans l’une des régions les moins densément peuplées du pays : l’Estrémadure. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que nous avons beaucoup aimé les grands espaces qui caractérisent cette contrée sauvage. Au total, nous avons parcouru 250 kilomètres à vélo en Estrémadure.
Nos coups de cœur en Estrémadure 🙂
- les grandes étendues sauvages parées de chênes lièges, l’arbre emblématique de l’Estrémadure
- la région montagneuse située au Sud de Navalmoral de la Mata (vallée du Tage, petites routes escarpées, oliviers, chênes lièges et murets en pierre)
- l’omniprésence des animaux (porcs, moutons, bovins, chevaux)
- la jolie ville de Trujillo, où naquit le conquistador Franscisco Pizzaro en 1475
L’itinéraire de notre périple à vélo en Estrémadure (@googlemaps)
Étape 5 : Navalmoral de la Mata – Millanes (9 kilomètres)
A la suite d’une journée de repos dans la banlieue de Madrid chez Jean François, le frère d’Aurélien, nous repartons plein d’énergie pour la suite de notre périple à la découverte de la péninsule ibérique. Pour faciliter notre sortie de Madrid et éviter de circuler dans des zones à forte densité de population, nous choisissons de prendre le train. Direction : Navalmoral de la Mata en Estrémadure.
Malheureusement, nous manquons, de peu, le train qui part en milieu de matinée. Dès lors, nous devons patienter jusqu’à 14h48. Une partie de scrabble, un peu de lecture et quelques courses alimentaires animent ce long temps d’attente dans la gare d’Atocha, le principal hub ferroviaire de la capitale espagnole.
A l’heure prévue, soit à 16h53, nous atteignons Navalmoral de la Mata, d’où nous reprenons notre voyage à vélo. Réchauffés par le doux soleil (15°C) de l’Estrémadure, nous quittons cette localité d’environ 20 000 habitants par une belle piste cyclable. Nous savourons nos premiers coups de pédale en Estrémadure. Après le froid mordant du début d’aventure, nous apprécions vraiment la douceur de cette fin de journée ensoleillée.
Avant la tombée de la nuit, nous passons le village de Millanes puis via un cahoteux chemin de terre, nous trouvons un joli spot pour bivouaquer. Au milieu des chênes lièges et entre les bouses de vaches, nous plantons nos tentes pendant que la température dégringole. En conséquence, nous allumons une nouvelle flambée puis nous dînons d’un bon cassoulet espagnol offert par le frère d’Aurélien et sa compagne Anna.
Reprise en douceur sur les routes de l’Estrémadure (@courir-lemonde)
Bivouac sauvage et feu de camp près de Navalmoral de la Mata (@courir-lemonde)
Étape 6 : Millanes – Deleitosa (46 kilomètres)
A notre réveil vers 7h30, il fait frisquet mais rien de comparable avec nos glaciales matinées en Castille et Léon. Comme de coutume, nous prenons notre temps pour déguster le petit-déjeuner et démonter le bivouac. En général, deux heures nous sont nécessaires entre la sortie des tentes et nos premiers coups de pédales. C’est encore le cas ce matin puisque nous quittons les lieux vers 10h00.
Le début d’étape est facile. Nous traversons les localités de Casas de Belvis et de Belvis de Monroy, où sur une butte trône un château du XIVème siècle. Dans ce village, nous demandons notre chemin à des locaux rassemblés près d’une taverne. Fier de mes maigres connaissances en espagnol, je dégaine alors un « Donde esta la ruta de Valdecanas de Tajo por favor » qui signifie « Où se trouve la route de Valdecanas de Tajo s’il vous plait« .
Au fil des kilomètres, les paysages deviennent de plus en plus sauvages. Les localités traversées sont rares et peu peuplées. Quant au relief, il est de plus en plus prononcé avec de nombreuses côtes à négocier. Dans les ascensions, Aurélien, très aérien en ce début d’aventure, se fait un malin plaisir à me décramponner. Certaines grimpettes sont longues et très abruptes nous obligeant, dans les passages les plus pentus, à pousser nos bicyclettes lourdement chargées. Malgré la difficulté topographique de l’étape, nous nous régalons au milieu de ses paysages vallonnés et parés d’une myriade de chênes lièges, l’arbre emblématique de l’Estrémadure, et de quelques oliveraies.
La vallée du Tage au Sud de Navalmoral de la Mata (@courir-lemonde)
Étape montagneuse dans l’Estrémadure (@courir-lemonde)
Au côté des chênes lièges, les oliviers tiennent aussi une place importante dans les paysages de l’Estrémadure (@courir-lemonde)
Les côtes se succèdent (@courir-lemonde)
Quelques grenades à Deleitosa (@courir-lemonde)
Conquis par cette belle journée de vélo, nous terminons la journée dans un fond de vallée, au bord de la rivière Almonte, à mi chemin entre les localités de Deleitosa et de Torrecillas de la Tiesa. Une fois le bivouac installé, nous préparons un nouveau feu afin d’illuminer et de réchauffer le campement.
En soirée, nous dévorons notre seconde boite de cassoulet espagnol agrémentée de lomo, une charcuterie espagnole élaborée à partir de viande de porc ibérique. Une spécialité typique de l’Estrémadure !
Installation du bivouac dans une vallée au milieu des chênes lièges (@courir-lemonde)
Étape 7 : Deleitosa – Torres de Santa Maria (60 kilomètres)
Au réveil, nous entendons une fine pluie dégouliner sur nos toiles de tentes. La journée s’annonce humide. Après le froid, voici la pluie ! Tout en espérant une accalmie, nous prenons notre petit-déjeuner sous nos tentes respectives.
Dans ce genre de moment, j’ai regretté d’avoir pris ma tente 1 place et non pas ma tente 2 places pour cette aventure. Certes, ma tente 2 places est un peu plus encombrante et lègérement plus lourde mais elle est tellement plus spacieuse et confortable.
Au fil des minutes, la pluie s’intensifie. Malgré tout, nous démontons le bivouac afin de prendre la route de Trujillo que nous souhaitons rallier pour la pause déjeuner. Conséquence, nos tentes sont trempées lorsque nous les empaquetons. Nous allons devoir trouver une solution pour les faire sécher rapidement sous peine d’odeurs nauséabondes et de moisissures.
Habillés de nos indispensables vêtements de pluie, nous parcourons les trente kilomètres qui nous séparent de Trujillo à vive allure en dépit du fort vent latéral et des violentes précipitations. Peu avant Trujillo, l’hôtel restaurant Peru nous fait de l’œil pour le repas du midi. Nous sommes trempés et frigorifiés. Un repas chaud et quelques instants au sec nous feraient le plus grand bien. Nous n’hésitons pas longtemps !
En consultant internet grâce à la wifi de l’hôtel, nous nous rendons compte que les prévisions météorologiques sont désastreuses pour la soirée à venir. Dans la foulée, nous réservons un logement situé à trente kilomètres de Trujillo, à Torres de Santa Maria, afin de passer la nuit au sec.
Journée pluvieuse sur la route de Trujillo (@courir-lemonde)
Fouettés par le vent et mordus par le froid, sur la route de Trujillo (@courir-lemonde)
A la suite de notre halte requinquante à l’hôtel Peru, nous découvrons Trujillo avec enthousiasme. La ville est célèbre pour être celle du conquistador Francisco Pizzaro. Avec nos vélos, nous nous baladons dans un dédale de ruelles pavées et tortueuses et nous admirons la beauté des bâtiments qui forment le cœur historique de la cité.
En milieu d’après-midi, nous partons en direction de Torres de Santa Maria, où se trouve le petit hôtel de charme que nous avons réservé pour la nuit. Le parcours est sauvage et sans trop de relief ce qui nous permet d’évoluer à un rythme soutenu. Heureusement, nous atteignons l’hôtel Las Glorias avant le déluge annoncé.
La soirée au chaud et au sec est appréciable. Et nous la savourons d’autant plus après plusieurs nuits froides et humides en tente. Dans notre chambre, nous faisons sécher nos affaires. C’est un véritable capharnaüm !
Avec de la lecture, un verre de whisky et moult fous rires, nous prolongeons la soirée au coin de la cheminée de l’hôtel.
La place centrale de Trujillo (@courir-lemonde)
Soirée au sec à l’hôtel Las Glorias de Torres de Santa Maria (@courir-lemonde)
Étape 8 : Torres de Santa Maria – Roca de la Sierra ( 68 kilomètres)
A notre réveil vers 8h00, la pluie tombe avec vigueur. Encore une journée sous la pluie en perspective ? Finalement peu avant notre départ, les précipitations cessent et laissent place à un ciel un peu moins menaçant.
En direction de l’ouest, cette étape nous rapproche de la frontière portugaise. Comme les deux dernières journées, les animaux sont omniprésents, notamment en début de journée. On sent que l‘élevage occupe une place prépondérante dans le tissu économique local.
Après la pause déjeuner prise sur la place de l’église du village de Casas de Don Antonio, nous traversons le massif de la Sierra de San Pedro. A nouveau, la route s’élève et nous prenons un peu de hauteur. Quant aux paysages ils sont désertiques et très rudes. De temps en temps, quelques cactus accompagnent les chênes lièges et les oliviers.
L’élevage de porcs, de vaches et de moutons est bien représenté en Estrémadure (@courir-lemonde)
Les animaux se nourrissent notamment des glands des chênes lièges (@courir-lemonde)
Quelques cactus ornent le décor (@courir-lemonde)
Près de Cordobilla de Lácara, nous longeons deux vastes lacs. Par moment, on se croirait presque au Canada ou en Finlande. C’est magnifique et nous savourons ces beaux paysages sauvages. Malheureusement comme un peu partout en Espagne, les déchets sont trop nombreux sur le bord des route. Une véritable catastrophe écologique !
Entre Cordobilla de Lácara et La Nava de Santiago, le décor évolue. A présent, nous traversons une zone où les champs d’oliviers dominent le paysage.
C’est aussi sur ce tronçon que nous sommes rappelés à l’ordre par la police à propos du port du casque. Devant les hommes en uniforme, nous ne bronchons pas et remettons nos casques. Après vérifications, en Espagne, le port du casque est obligatoire en campagne mais ne l’est pas en ville. Notez que nous le portions de manière occasionnelle et que hormis cette fois là, nous n’avons pas été dérangé par la police.
A La Nava de Santiago, nous collectons des citrons, des oranges et quelques clémentes dans les arbres fruitiers qui habillent l’une des places du village. Une pause fruitée appréciée avant de reprendre notre chemin.
Le lac d’Embalse De Horno Tejero tout près de Cordobilla de Lácara (@courir-lemonde)
Une oliveraie près de La Nava de Santiago (@courir-lemonde)
Dans les villages de l’Estrémadure, nous profitons de la présence de citronniers et d’orangers pour faire quelques provisions d’agrumes (@courir-lemonde)
Portion rectiligne avec le massif de la Sierra de San Pedro en arrière plan
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Une fois à Roca de la Sierra, nous nous mettons en recherche d’un lieu pour dormir. A la suite de quelques courses alimentaires, nous pensions avoir trouvé une hôte pour la nuit. L’atypique Félicia entame la discussion avec nous. En plus, elle est tombée sous le charme d’Aurélien et lui déclare sa flamme. La situation est assez cocasse. Dans un espagnol presque parfait, nous en profitons pour lui demander si nous pouvons planter la tente dans son jardin ou bien dormir dans sa demeure. Cependant, elle refuse et nous indique un gîte situé en dehors du bourg. Un peu déçus, nous poursuivons notre route. Finalement, après une tentative infructueuse auprès d’un berger, nous plantons la tente dans un champ sous le regard de quelques chevaux. Une partie de scrabble et un feu de camp ambiancent la soirée après cette belle étape vallonnée de 68 kilomètres.
Nous avons emprunté un petit chemin de terre pour trouver notre lieu de bivouac près de Roca de la Sierra (@courir-lemonde)
Journée de repos à Roca de la Sierra
Comme annoncé par la météo, ce vendredi 22 novembre 2019 est pluvieux. Au réveil, la pluie tombe avec ardeur sur nos toiles de tente. De l’eau s’est même infiltrée à l’intérieur de l’habitacle. Les joies du bivouac sauvage lorsqu’il pleut !
Conjointement, nous décidons de laisser nos tentes ici avec la plupart de nos affaires et d’aller nous réchauffer au café restaurant El Poligono situé à moins de 2 kilomètres de là. Nous passons la plus grande partie de la journée là bas au chaud et au sec.
En milieu d’après-midi, la soleil perce enfin. Nous retournons au campement où rien n’a bougé. Cependant, l’heure étant déjà bien avancée, nous décidons de rester là pour ce soir et de faire sécher au mieux nos affaires humides. Nous allumons un nouveau feu pour profiter de la soirée mais plusieurs averses viennent à bout de notre motivation !
Journée au chaud et au sec au bar restaurant El Poligono situé à 2 kilomètres de notre bivouac. Scrabble, lecture, internet, et compte rendu au programme (@courir-lemonde)
Étape 9 : Roca de la Sierra – Arronches (70 kilomètres)
Aujourd’hui, nous devrions enfin atteindre le Portugal. En effet, au départ de Roca de la Sierra, la frontière portugaise n’est qu’à 45 kilomètres. Une formalité si tout se passe comme on le souhaite.
Pour accompagner notre dernière journée en Estrémadure, le soleil est de retour et ça fait plaisir. Nous reprenons l’aventure avec enthousiasme. Si le parcours est légèrement ondulé jusqu’à la localité de Villar del Rey, la suite pour rejoindre Alburquerque est nettement plus escarpée. Freinés par le fort vent de face, nous peinons dans les côtes. C’est éprouvant ! Après le pittoresque village perché d’Alburquerque, nous empruntons une petite route en direction de La Codosera, le dernier village espagnol avant la frontière.
En route vers le Portugal (@courir-lemonde)
Les porcs de l’Estrémadure (@courir-lemonde)
La ville de Alburquerque est perchée sur les hauteurs (@courir-lemonde)
Nous déjeunons à moins de 20 kilomètre du Portugal. C’est lors de cette pause déjeuner, sur les bords de la rivière Gévora, que nous rencontrons Jan, un cyclovoyageur hollandais. Expérimenté, ce cyclovoyageur solitaire arpente le monde à vélo depuis de nombreuses années par période de 4 à 8 mois. Très bavard, il nous relate ses épopées au quatre coins du monde dans un anglais accessible. Au début, nous l’écoutons attentivement mais nous finissons par décrocher, gavés par son monologue à tendance narcissique.
Lui qui ne mange que du pain accompagné de charcuterie et de fromage et qui s’hydrate exclusivement avec des sodas, est surpris de nous voir manger avec appétit un repas composé de lentilles, de betteraves et de jambon.
Après cet échange, malgré tout intéressant, chacun reprend sa route. La suite de l’étape est vallonnée et c’est à la suite d’une ultime côte que nous passons la frontière tant attendue. Nous sommes au Portugal !
Au Portugal, nous changeons de fuseau horaire. Autrement dit, au lieu d’être 16h00, il est 15h00. Avant de nous mettre à la recherche d’un lieu pour le bivouac du soir, nous roulons quelques kilomètres dans ce nouveau pays. Pour ma part, c’est la troisième fois que je viens au Portugal tandis que pour mon acolyte c’est une grande première. Entre les localités de Esperanza et de Arronches, nous repérons une sorte de ranch, où nous nous verrions bien passer la nuit. Malheureusement la personne qui nous accueille, accompagnée d’un chien remuant et féroce, refuse que nous y résidions pour la nuit.
Quelques kilomètres plus loin, à l’entrée de Arronches, nous trouvons le lieu de bivouac, sur un terrain vague, camouflé derrière d’anciens toilettes publics. Avant de monter le campement, nous flânons dans ce village aux tortueuses ruelles et aux maisons toutes blanches. Un avant goût de ce qui nous attend durant la suite de notre aventure à vélo au Portugal, dans la région de l’Alentejo puis en Algarve. A suivre au prochain épisode !
C’est l’arrivée au Portugal (@courir-lemonde)
Ruelles pittoresques à Arronches au Portugal (@courir-lemonde)
Pour retrouver l’article bilan de notre voyage à vélo en Espagne et au Portugal, c’est ici : voyage à vélo en Espagne et au Portugal : le bilan du périple
Pour retrouver le film de notre voyage à vélo en Espagne et au Portugal, c’est ici : voyage à vélo en Espagne et au Portugal : le film du périple
Pour retrouver les autres carnets de voyage de notre voyage à vélo en Espagne et au Portugal, c’est ici :