J’ai passé 4 jours à vélo dans le Connemara. De mon itinérance dans cette contrée, je retiens de vastes étendues sauvages, de somptueux lacs et des conditions météorologiques assez maussades (@courir-lemonde)
En mai 2014, j’ai voyagé à vélo en Irlande sur un parcours d’un peu plus de 1 000 kilomètres. Entre le 9 mai et le 1 er juin, j’ai ainsi sillonné et découvert à bicyclette ce beau pays. Dans la lignée de mes précédents voyages, ce fut une exceptionnelle aventure. Dans cet article, je vous invite à retrouver mon itinérance dans la sauvage région du Connemara.
Du port de Rossaveal à Oughterard
Bienvenue dans le Connemara (@courir-lemonde)
Après deux belles journées sur Inishmore, il est temps pour moi de retrouver la terre ferme afin de partir à la conquête du mythique Connemara. Ces deux journées sur les îles Aran m’ont fait le plus grand bien. J’ai rencontré de nombreuses personnes sympathiques et vu de beaux paysages sur la rocailleuse Inishmore.
Aujourd’hui encore, le ciel est grisâtre et menaçant mais j’ai bon espoir pour qu’il ne pleuve pas. La traversée maritime en direction du « continent » se passe sans encombre et vers 13h30 je suis en route pour Oughterard, ville étape du jour.
Un homme travaillant la tourbe en plein cœur du Connemara (@courir-lemonde)
Câlin entre deux chevaux en plein milieu d’une route : une carte postale classique dans le Connemara (@courir-lemonde)
Pour rejoindre Oughterard, j’ai seulement 28 kilomètres à parcourir depuis le port de Rossaveal. Heureux, je découvre tranquillement les paysages du Connemara. Ainsi, sur de petites routes, je roule au milieu de collines ondulantes habillées d’herbes folles, de bruyères et de roches affleurantes. Parsemé de nombreux lacs et de cours d’eau, cela forme un somptueux tableau naturel. A l’occasion de ma balade du jour, je rencontre également une faune omniprésente qui n’hésite pas à venir me tenir compagnie sur la route. En plus des traditionnels moutons, je rencontre des chevaux, des vaches et même de quelques cochons. Même si ils semblent tous m’accueillir à bras ouverts, je me méfie tout particulièrement des chevaux. Étant sur leur territoire, je ne suis pas à l’abri d’une riposte ou d’une charge de leur part.
Des collines, un lac et des animaux : un petit condensé du Connemara
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Mes amis les moutons, toujours fidèles au poste pour m’encourager (@courir-lemonde)
A proximité d’un petit torrent en fin d’étape (@courir-lemonde)
Le parcours est vallonné et en fin de parcours, j’ai même une sacrée côte à escalader avant de profiter de la longue descente vers Oughterard. Vers 17h00, j’atteins mon pied-à-terre du jour. Contrairement à mes précédents logements, il ne s’agit pas d’une véritable auberge de jeunesse mais plutôt d’une maison proposant des chambres à bas prix. Propre et spacieuse, c’est une belle demeure dotée de grandes pièces de vie et de petites chambres assez douillettes. Pour moi, le timing est parfait car quelques minutes après mon arrivée, il se met à tomber des cordes.
En cours de soirée, je fais la connaissance d’un Français qui travaille depuis plusieurs mois dans une ferme austère voire même un peu puritaine près de Sligo dans le Nord de l’Irlande. Il a pris quelques jours de vacances afin de découvrir Galway et les alentours. En plus de ce compatriote, je rencontre Tina, une Allemande de la même tranche d’âge que moi. Tout juste arrivée de Bavière, elle a l’intention de parcourir le Connemara à vélo durant une semaine. Dans un anglais inégal, parsemé de quelques bribes d’allemand et de français, nous discutons avec entrain de nos projets respectifs et de nos vies. L’ambiance joviale et conviviale au sein de la maison est propice à l’échange et à la décontraction 🙂
De Oughterard à Clifden, la capitale du Connemara
Levé tôt, je découvre que le ciel est une fois de plus nébuleux en ce début de journée. De plus le vent souffle de manière continue. Ce n’est pas la météo idéale pour sillonner le Connemara.
Avec Tina, nous convenons de faire un bout de chemin ensemble, le début de nos étapes respectives étant similaire. Tandis qu’elle souhaite rejoindre Letterfrack, je compte rallier Clifden en faisant quelques détours par des routes davantage bucoliques d’après ma carte. Au total, cela me fait un peu plus de 65 kilomètres à parcourir en ce mercredi 21 mai.
Nous prenons donc la route ensemble, cap à l’Ouest. Le parcours jamais tout plat, ne propose pas de difficultés majeures ce qui n’est pas pour nous déplaire. L’entente franco-allemande est toujours excellente et d’amusantes discussions animent nos coups de pédale.
Après une vingtaine de kilomètres, chacun reprend son aventure solitaire. Cependant comme Tina souhaitait rester deux jours à Letterfrack, nous avions de grandes chances de nous revoir là bas puisque j’y allais le lendemain. De fait, je lui conseille d’aller dans l’auberge de jeunesse que j’avais réservée précédemment pour s’y retrouver.
Voici Tina, ma camarade allemande rencontrée à Oughterard (@courir-lemonde)
Ce n’est pas une légende, les lacs du Connemara rendus célèbre par Michel Sardou
sont bien légions ici (@courir-lemonde)
A nouveau seul, je roule sur la petite route R336. Celle-ci serpente paisiblement entre les lacs et les rivières du Connemara. Malheureusement avec le ciel toujours très couvert voire même brumeux, le rendu n’est pas aussi beau que je l’avais imaginé.
Frigorifié par de froides bourrasques, mon déjeuner ne s’éternise. Je n’ai vraiment pas envie de traîner. A peine ai-je repris mon chemin que la météo se dégrade subitement. Brouillard, pluie, vent, il fait presque nuit et terriblement froid alors qu’il est 13h00.
Forte pluie, épais brouillard et vent violent : des conditions dantesques pour cette étape. A noter que j’ai pris la photo à un moment d’accalmie (@courir-lemonde)
Par rapport à l’étape de la veille, les paysages sont plus verdoyants et moins rocailleux (@courir-lemonde)
Trempé et gelé, je commence un véritable contre la montre sur une étroite route de campagne. Pendant plus de 10 kilomètres, mon allure est supérieure à 30 km/h. Transcendé par ces conditions dantesques, cela a le mérite de me réchauffer. A 17 kilomètres de Clifden, alors que le ciel s’éclaircit un peu, je retrouve la route nationale N59 que j’ai empruntée en début d’étape avec Tina. La fin d’étape est plus plaisante car sauvé de la pluie, je peux de nouveau profiter des paysages verdoyants et lacustres du Connemara. Juste avant Clfiden, je salue les différents sommets du massif des Twelve Bens qui se trouvent à ma droite.
La petite ville de Clifden est souvent considérée comme la capitale du Connemara
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Excellent repas à base de saumon fumé à Clifden (@courir-lemonde)
Charmante vue depuis le bourg de Clifden (@courir-lemonde)
J’atteins Clifden, la capitale du Connemara assez tôt étant donné qu’avec cette météo capricieuse je n’ai pas traîné en route. A peine arrivé, je rencontre déjà des Français venus découvrir l’Irlande en moto. Puis, je trouve l’auberge de jeunesse tenue par le très consciencieux Sean. Installé dans un dortoir peuplé de jeunes Allemands, je vais par la suite découvrir la colorée ville de Clifden très riche en boutiques et en pubs. Les paysages alentours ne sont pas non plus dénués de charme. Depuis le village, j’aperçois notamment une coquette anse entourée de bois. Dans le courant de la soirée, je dîne au restaurant afin de goûter le fameux saumon du Connemara. Un repas succulent !
Courte étape entre Clifden et Letterfrack
Paysages sauvages entre Clifden et Letterfrack (@courir-lemonde)
Après une nouvelle nuit mitigée, je quitte Clifden en direction de Letterfrack. En ce jour, je n’ai que 15 kilomètres à parcourir pour rejoindre ce petit hameau situé à l’entrée du Connemara National Park. Pour autant cette étape n’est pas de tout repos, à la fois malmené par les bourrasques de vent et mis à contribution par le parcours escarpé. Malgré tout, j’atteins Letterfrack et le pied-à-terre que j’ai réservé vers midi. J’ai le plaisir d’y retrouver ma camarade Tina. Contente elle aussi de me revoir, nos échanges sont aussi sympathiques que les jours précédents. En dépit de mes connaissances plus limitées que les siennes en anglais, je suis content de lui apprendre un mot dans la langue de Shakespeare « colorful » qui signifie coloré en français.
L’après-midi est consacré à la récupération. Complètement claqué, je dors une partie de l’après-midi. La météo n’incite pas trop sortir de toute manière. Tout en faisant un peu de rangement, ma compta et mes comptes-rendus, j’entends le vent qui souffle fortement et les averses de pluie qui frappent la fenêtre de ma chambre. Après un dernier dîner avec Tina, il est temps de retourner dormir afin d’être en forme pour ma dernière journée dans le Connemara.
Du Connemara au compté du Mayo via le fjord de Killary
Une étape d’environ 55 kilomètres entre Letterfrack et Westport est au menu du jour. En meilleure forme après une nuit reconstituante dans la calme et sympathique auberge de Letterfrack, je décide d’aller parcourir le Connemara National Park sur les conseils de mon amie Tina. C’est d’ailleurs en cette matinée que je lui dis « auf wiedersehen » car elle aussi poursuit son aventure. De loin, la meilleure rencontre du voyage.
A pied, dans le Connemara National Park, je vagabonde entre les herbes folles et les moutons tout en observant les beaux panoramas que celui-ci offre à ses visiteurs. C’est un très joli parc national pour pratiquer la randonnée.
Panorama depuis le Parc National du Connemara (@courir-lemonde)
Avant midi, accompagné de mon vélo chargé, je prends la route en direction de Westport. Le début d’étape est très agréable. Le parcours est globalement roulant et je ne suis pas tellement gêné par le vent. Fait important, la météo est plus clémente que les jours précédents ce qui fait un bien fou au moral. Je me délecte des beaux paysages de lacs, de collines et de landes qui m’entourent. Aussi, je m’arrête pour admirer la majestueuse abbaye de Kylemore, posée dans un bel écrin de nature.
Sans trop forcer, je rallie, heureux, le fjord de Killary au bord duquel je fais ma pause déjeuner. Malheureusement la météo commence à se gâter. Le soleil a disparu derrière d’épais nuages et la température est descendue sous les 10°C. Quelque peu frigorifié, je rejoins Leenaun, petit port de pêche niché au fond de l’étroit et profond fjord. L’atmosphère y est assez austère, renforcée par le ciel complètement grisâtre. Dommage car par beau temps, le cadre a tout pour être idyllique.
La somptueuse Abbaye de Kylemore fondée en 1920 sur le site du château de Kylemore (@courir-lemonde)
Un des nombreux lacs du Connemara au cœur de paysages vallonnés
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Pour atteindre le Mayo : passage oblige par le fjord de Killary, le plus long fjord d’Irlande (@courir-lemonde)
Peu après Leenaun, je quitte le compté de Galway pour pénétrer dans celui de Mayo. Il me reste encore une petite trentaine de kilomètres à parcourir pour rejoindre Westport. Sur une route serpentant entre de verts champs peuplés de moutons, le vent s’en donne à cœur joie. Pour en venir à bout, je livre un âpre duel contre le très coriace Eole. Au terme d’une rude bataille, j’atteins Westport, non sans mal, porté par un mental à toute épreuve, de solides jambes et la musique motivante de mon portable.
Le Mont Croagh Patrick culminant à 764 mètres d’altitude près de Westport. C’est un lieu de pèlerinage en l’honneur de Saint Patrick depuis des centaines d’années car celui-ci aurait jeûné 40 jours au sommet de la montagne en 441 (@courir-lemonde)
L’irish stew, autrement dit ragoût irlandais est le plat national irlandais. C’est une potée à base de ragoût d’agneau servie avec des pommes de terre, des carottes et des oignons (@courir-lemonde)
Sans trop de soucis, je trouve l’auberge de jeunesse où j’ai prévu de passer la nuit. Contrairement à mes précédentes nuitées, l’accueil y est un peu froid de la part d’un homme d’une quarantaine d’année.
Après une bonne douche, je me dirige vers un pub que j’avais repéré afin d’y déguster le plat traditionnel irlandais : l’irish stew ! Il s’agit d’un plat à base de ragoût d’agneau accompagné de pommes de terre et de carottes notamment. Plutôt bon, je place cependant cette recette typiquement irlandaise derrière le fish and chips et les saumons du Connemara dans mon classement gastronomique.
Pour retrouver les autres articles relatifs à mon voyage à vélo en Irlande :
1) Départ et premiers tours de roues en Irlande
2) Chevauchée cycliste entre Cork et le Kerry
3) Du Kerry au compté de Clare
4) Des Falaises de Moher à Galway en passant par le Burren
5) Escale sur l’archipel des îles Aran
7) 4 jours à Dublin, la festive capitale irlandaise
8) La côte orientale de l’Irlande de Dublin à Cork en passant par les Wicklow Mountains et Waterford