Nettement moins spectaculaire que la côte Ouest de l’Irlande, la côte Est offre tout de même de jolis paysages (@courir-lemonde)
En mai 2014, j’ai parcouru l’Irlande à vélo sur un parcours d’un peu plus de 1 000 kilomètres. Entre le 9 mai et le 1 er juin, j’ai ainsi sillonné et découvert à vélo ce beau pays. Dans la lignée de mes précédents voyages, ce fut une exceptionnelle aventure. Dans cet article, je vous invite à retrouver la fin de mon séjour à vélo en Irlande le long de la côte orientale du pays entre Dublin et Cork.
Sous le soleil de Dublin à Wicklow via les Wicklow Mountains
Après cette halte de quatre jours, je suis bien décidé à quitter Dublin car j’ai envie de retrouver le calme et la tranquillité de la campagne irlandaise. Le soleil est de la partie. J’opte pour une tenue totalement inédite : short de bain et maillot du Danmark Rundt. Mon petit déjeuner avalé et mes préparatifs bouclés, je suis paré pour le départ et c’est sans nostalgie que je quitte Temple Bar même si j’y ai passé quelques jours bien sympathiques avec Charly.
Dublin est désormais derrière moi (@courir-lemonde)
Avant de retrouver des routes bucoliques, il me faut sortir de Dublin. Pas une mince affaire. D’une part, il faut gérer le fait de rouler à gauche en pleine ville et d’autre part le réseau cyclable n’est pas aussi dense et continu que celui de Copenhague par exemple. De plus, il faut aussi réussir à s’orienter dans une partie de la ville inconnue. Sans carte ni GPS. Bref, après environ une heure de concentration et d’effort et non sans danger, je sors enfin de Dublin pour atterrir aux pieds du massif des Wicklow Mountains, situé au Sud de la capitale. Je retrouve un cadre agréable pour rouler. En traversant les localités de Stepaside et de Glencullen, mes mollets et mes cuisses sont mis à rude épreuve avec des côtes très abruptes signe que j’attaque les premiers contreforts de ce massif montagneux qui culmine en son point le plus haut à 925 mètres. Rendant l’effort plus soutenable, les paysages sont charmants. Dans ce cadre enchanteur, l’on trouve de nombreuses résidences bourgeoises (probablement bon nombre de résidences secondaires), ainsi que de grandes fermes.
Paysages des Wicklow Mountains (@courir-lemonde)
Après cette incursion dans les Wicklow Mountains, je prends la direction de Enniskerry car contrairement à ce que j’avais prévu avant le départ de France, je ne vais pas sillonner intégralement ce massif montagneux. Les sensations ne sont pas mauvaises mais pour une journée de reprise, j’ai peur d’y laisser trop de forces surtout que des grosses étapes qui m’attendent jeudi et surtout vendredi.
Après plusieurs descentes vertigineuses, j’atteins Enniskerry, où je déjeune.
De Enniskerry, je prends la direction de Bray en bord de mer afin de longer celle-ci jusqu’à la ville étape du jour : Wicklow. Le parcours me fait penser aux classiques ardennaises avec un tracé jamais vraiment plat, semé de petite côtes et jalonné de descentes ! Sur ce parcours plaisant, je déroule à une allure raisonnable, un peu aidé par le vent soufflant dans le dos. Dans la ville de Newcastle (homonyme de la ville anglaise), je fais une assez longue halte à la plage pour profiter du littoral. Pas loin de me jeter à l’eau malgré sa fraîcheur, la sagesse prend finalement le dessus sur mes envies de baignade.
Vers 16h30, j’atteins Wicklow. En difficulté pour trouver l’auberge de jeunesse réservée à l’avance, je fais un petit tour par l’office du tourisme afin d’élucider cela après une bonne demi-heure de recherches. Après une douche reconstituante, quelques courses alimentaires et une petite balade dans la ville, je dîne face à la mer.
Le littoral irlandais près de la ville de Wicklow (@courir-lemonde)
Le fleuve Vartry rejoint la mer d’Irlande à Wicklow (@courir-lemonde)
Bucolique campagne irlandaise
Le lendemain matin, je suis d’attaque pour une nouvelle étape. Après le petit-déjeuner, je discute notamment avec une Française habitant la région de Chambéry. Elle est venue passer quelques jours en Irlande avec ses enfants. Une rencontre sympathique qui me motive avant de reprendre mon itinérance.
A 9h15, je suis déjà sur la route en direction de Rathnew puis de la ville de Rathdum. Le ciel très nébuleux amplifie le caractère austère de ce début d’étape. Malgré tout, je suis motivé à en découdre. Sur un parcours vallonné, je découvre des paysages agrestes et campagnards et traverse des villages sans charme particulier.
Je fais ma pause déjeuner dans le petit village de Tinahely où il fait vraiment froid, guère plus de 8/9°.. Le ciel est toujours très couvert. Pas la moindre éclaircie à l’horizon. En milieu d’étape, je prends la décision d’opter pour de petites routes de campagne afin de me raccourcir de quelques kilomètres. Un choix triplement payant puisqu’en plus de me raccourcir, je découvre des paysages encore plus champêtres et j’y fais quelques rencontres de locaux.
Bucolique campagne irlandaise près de Tinahely (@courir-lemonde)
La ville de Carlow se rapproche, plus que 19 kilomètres (@courir-lemonde)
A 19 kilomètres de Carlow, je suis très confiant car largement dans les temps pour prendre le train qui doit me mener à Waterford.
Vers 14h30, je pénètre dans Carlow. Ne sachant pas vraiment où se situe la gare je fais appel à quelques jokers : un local pour commencer puis une valeur sûre l’Office de tourisme de la ville. Sans trop de difficultés, j’arrive vers 15h00 en gare de Carlow soit une heure avant mon train pour Waterford. parfait ! Par le train, je rallie sans soucis la ville de Waterford, première ville irlandaise fondée par les Vikings en 914. Waterford, la capitale du cristal me fait une bonne impression.
Aperçu de Waterford (@courir-lemonde)
Tour viking à Waterford. Plus ancienne ville de l’Irlande construite en 914 par les Vikings, Waterford est aujourd’hui la 5ème plus grande ville du pays (@courir-lemonde)
Etape marathon le long de la côte Sud de l’Irlande entre Waterford et Midleton
Levé à 8h00 après une nouvelle nuit mitigée, c’est malgré tout en forme que j’attaque ma dernière grosse journée de vélo. Et en ce vendredi 30 mai 2014, le menu est pour le moins costaud : un parcours de près de 110 kilomètres pour rallier Midleton, une petite bourgade située à une vingtaine de kilomètres de Cork. Le petit déjeuner de l’auberge est hors de prix (7 euros), je me contente de mes provisions restantes.
A 9h45, je quitte cette auberge de jeunesse à l’hygiène vraiment douteuse. La sortie de Waterford est délicate. Je fais même quelques kilomètres superflus comme si je n’en avais pas assez à parcourir aujourd’hui.
A la sortie de Waterford, je prends comme convenu la route nationale 25 qui va jusqu’à Cork afin d’aller au plus court. Cependant à cet endroit, celle-ci est en configuration autoroute avec une vitesse limitée à 110 km/h. Je me retrouve donc sur cette route dangereuse en compagnie de bolides roulant à vive allure. Pas rassurant et peu attrayant ! Heureusement quelques kilomètres puis loin celle-ci se transforme de nouveau en route nationale classique. Pendant ce temps là, les kilomètres défilent et je maintiens une allure plus qu’honorable en dépit du profil vallonné du tracé.
En début d’étape, la météo était maussade sur la côte orientale du pays
(@courir-lemonde)
J’atteins mon premier objectif du jour Dungarvan à 12h30 soit après 3h15 d’effort. J’ai déjà parcouru près de 50 kilomètres et les sensations sont excellentes. Tandis que je déjeune en face à l’embouchure d’un cours d’eau, plusieurs personnes me saluent et l’une d’entre elle me demande même si tout va bien. Les gens semblent davantage sympathiques et avenants que dans la région des Wicklow Mountains où j’avais trouvé les gens plus frisquets.
Après le déjeuner, je mets le cap sur mon second objectif de la journée : la station balnéaire de Youghal située à une trentaine de kilomètres de là. Pour l’atteindre, j’ai à grimper un petit col de quatre kilomètres juste à la sortie de Dungarvan. Ayant d’excellentes sensations et un moral de winner, j’escalade cette difficulté à bonne allure en plateau 2 / pignon 3 tout du long. Puis un peu poussé par le vent, je déroule à bloc toutes les vitesses à droite à une allure un peu irréelle pour un cyclotouriste.
La côte près de Youghal (@courir-lemonde)
Retour de pêche à Youghal (@courir-lemonde)
A Youghal, un téméraire se baigne dans les froides eaux de la mer d’Irlande
(@courir-lemonde)
Avant Youghal, charmé par les paysages qui sortent enfin de la brume sauvé par l’arrivée du soleil, je reviens à la réalité du cyclovoyageur, alternant entre pauses photographiques et allure modérée à vélo. Je fais une pause ensoleillée des plus agréables à Youghal. Le moral est vraiment au beau fixe après un départ un peu compliqué ce matin même. Je regarde les pécheurs ramener leurs prises du jour tout en profitant du soleil qui réchauffe les cœurs des locaux ainsi que le mien.
Depuis Youghal, il me reste un peu plus de 25 kilomètres pour atteindre mon troisième et dernier objectif du jour : Midleton. Dans ma tête, c’était gagné sauf pépin mécanique ou physique.
Je rallie Midleton un peu avant 18h00 avec le sentiment d’avoir gagné mon pari de parcourir l’Irlande à vélo et en solitaire. Franchement content, je trouve l’auberge de jeunesse sans problème. L’accueil y est fort agréable et les infrastructures sont de qualité. La soirée est plaisante et malgré la fatigue je discute avec plusieurs personnes, notamment trois australiennes sympathiques (Emily, Emie et Jessica) dans un anglais toujours un peu approximatif mais indéniablement en progrès.
Fin de mon voyage à vélo en Irlande et retour en France
Pour ma dernière journée irlandaise, j’ai un peu de temps devant moi puisque le ferry pour rallier Roscoff part à 16h00 du port de Cork. Or je n’ai qu’une petite trentaine de kilomètres à parcourir aujourd’hui. Levé vers 9h00, je prends un très copieux petit déjeuner avant d’aller faire mes dernières courses en Irlande dans mon supermarché fétiche : Supervalu. A 11h00, je quitte cette charmante auberge de jeunesse en direction du port de Cork.
Rencontre avec Daniel, un voyageur à vélo venu de Suisse (@courir-lemonde)
Sur mon chemin, près de la localité de Cobh, tragiquement célèbre comme étant la dernière escale du Titanic en 1912 avant de couler dans les profondeurs de l’Atlantique Nord, je fais une amusante rencontre. Daniel, un Suisse un peu plus âgé que moi qui lui aussi découvre l’Irlande à vélo. Solide et au look atypique, il est adepte de ce genre de périple. Nous avons pu échanger sur nos différentes expériences. Une dernière rencontre des plus mythiques.
Pour rejoindre le port de Cork, je dois prendre un bac afin de traverser le fleuve Lee. A 13h00, je retrouve le port où j’ai fait mes premiers tours de roues trois semaines auparavant.
Le délai d’attente pour rentrer dans le ferry est un peu pénible et ce n’est que vers 15h00 que je retrouve le Pont Aven. Sous un magnifique soleil, le ferry quitte le port de Cork à l’heure prévue. Ému mais aussi content de rentrer en France, je dis au revoir à l’Irlande que j’aie bien découverte à l’exception de sa partie septentrionale.
Après 23 jours en Irlande c’est l’heure du retour vers la France (@courir-lemonde)
Somptueux coucher du soleil depuis le Pont-Aven (@courir-lemonde)
De retour en France, champs d’artichauts près de Roscoff (@courir-lemonde)
La brume règne sur la baie de Morlaix ce matin là (@courir-lemonde)
Le lendemain matin, je suis réveillé aux aurores par l’agréable réveil du ferry à savoir une douce musique bretonne. Je suis de retour en France mais mon aventure n’est pas encore complètement terminée. Depuis Roscoff, il me faut rejoindre Morlaix, situé à trente kilomètres de là. Et c’est presque intégralement sous la brume que j’ai effectué le parcours en passant notamment par Saint Pol de Léon et Carantec. Vers 9h45, j’atteins la gare de Morlaix. Il ne me reste plus qu’à attendre mon train pour Rennes où j’ai prévu de voir mon frère Anthony et sa copine Aude. Un moment bien sympathique qui marque véritablement mon retour à la réalité.
Je reprends ensuite un train en direction de Nantes afin de retrouver mon Elisa d’amour qui m’a tant manquée durant ce périple. Nos retrouvailles sur le quais de la gare sont chaleureuses et amoureuses. Inséparables, nous avons ensuite passé une partie de la soirée ensemble en amoureux avant que mon père vienne me retrouver à son tour pour me conduire à la maison. La boucle était bouclée !
Lors de mon passage à Rennes, retrouvailles avec mon frère Anthony (@courir-lemonde)
Pour retrouver les autres articles relatifs à mon voyage à vélo en Irlande :
1) Départ et premiers tours de roues en Irlande
2) Chevauchée cycliste entre Cork et le Kerry
3) Du Kerry au compté de Clare
4) Des Falaises de Moher à Galway en passant par le Burren
5) Escale sur l’archipel des îles Aran